Hamdi Hached devrait incessamment recevoir son brevet dexploitation valable dans le monde entier. Aucun scientifique sur notre planète na encore réussi à obtenir de telles proportions de méthane pour un biocarburant.
Hamdi Hached, étudiant de 24 ans à lallure timide, est peut être en passe de résoudre lun des problèmes majeurs auquel fait face la société actuelle : lamenuisement progressif des ressources pétrolifères. Sans doute avez-vous déjà entendu parler de la méthode Kerkenométhanol ? Cette méthode dextraction de biocarburant, utilise une procédure 100% tunisienne. Il sagit là de linvention de notre jeune chercheur, anciennement technicien supérieur en aquaculture et qui termine actuellement sa première année de cycle dingénieur à lInstitut national dAgronomie de Tunis (INAT). Portrait.
Cest dans le cadre dun projet de fin détudes (PFE) que Hamdi Hached a présenté son nouveau procédé dextraction, pour lequel il a déposé il y a de cela un an, un brevet à linstitut national de la normalisation et de la propriété intellectuelle INORPI. Le jeune chercheur devrait recevoir incessamment son brevet dexploitation, et il sera valable dans le monde entier. Car il faut savoir que pour linstant, aucun scientifique sur notre planète na encore réussi à obtenir de telles proportions de méthane pour un biocarburant.
A lheure actuelle, le recours aux biocarburants comme substitution au pétrole et autres énergies fossiles est devenu un enjeu de taille pour les superpuissances du 21ème siècle. Entre lépuisement progressif des gisements dor noir, linflation exponentielle des marchés mondiaux et les innombrables problèmes liés à la pollution occasionnée à la terre (réchauffement climatique, couche dozone ) il fallait trouver une solution durgence.
La démarche scientifique de Hamdi Hached
« Cest à parti de cette réflexion que jai décidé de mintéresser de près aux biocarburants certifiés E2 (Efficacité énergétique) dites de nouvelles génération dont les propriétés sont tout aussi efficaces que les énergies actuelles et beaucoup moins polluantes. Elles sont généralement obtenues à lissue de longues et fastidieuses procédures dextractions à partir de plantes. Après avoir effectué plusieurs recherches, je me suis penché vers létude des Macroalgues, utilisée à léchelle industrielle, plus précisément dans le domaine de lindustrie de la chimie pharmaceutique» souligne Hamdi. Il précise que son choix sest porté sur cette plante marine à cause de ses qualités organiques assez intéressantes.
« Je suis tombé tout à fait par hasard sur une étude du centre Asmos du Danemark, spécialisé en biotechnologie marine. Les chercheurs sont arrivés à obtenir à partir dalgues, un carburant dont la teneur en méthane est de lordre de 67%» précise-t-il, avant dajouter «Suite à cette découverte, je me suis mis à me documenter sur les biocarburants et les biomasses tout en effectuant un stage au Centre international des technologies de lenvironnement à Tunis (CITET). Cela ma permis de minitier à la pratique, tout en me perfectionnant par rapport aux énoncés de base».
Bioréacteur expérimental
Par la suite, notre jeune étudiant à conçu un bioréacteur expérimental grâce auquel il a pu réaliser plusieurs expériences tournant autours des processus dextraction. « Jai essayé plus de 50 échantillons dalgues originaires de notre milieu naturel, pour finalement en sélectionner 4 uniquement. Les propriétés biochimiques dun seul spécimen se sont révélées les plus performantes
Lalgue en question répond au nom dUlva Rigida. Elle est extrêmement prolifique dans les régions côtières de la méditerranée» dixit Hamdi qui avoue en toute modestie quil na réussi à obtenir un résultat intéressant quau bout dun 17ème et fastidieux essai ! «Jai réussi à obtenir une teneur de 91% de méthane pur et qui plus est, extrêmement inflammable». Le Kerkenométhanol était enfin né ! Surtout que lalgue en question est «tellement abondante (car elle se régénère en à peine 3 jours). Elle est capable dalimenter en énergie pratiquement toutes les villes côtières tunisiennes» martèle Hamdi qui ne compte pas sarrêter en si bon chemin.
«Je suis actuellement sur un deuxième projet. Tout ce que je peux dire, cest quil repose sur un tout nouveau processus de raffinage du gaz qui seffectue en aquarium». Ce qui ouvre au jeune Tunisien une belle perspective davenir. Encore faut-il que Hamdi puisse avoir tout le soutien quil mérite. On regrettera par exemple, quil ait dû, dans un premier temps, présenter son nouveau procédé comme étant une invention coréenne, pour commencer à être pris au sérieux. Ce qui est un comble, quand on est censé encourager les initiatives 100% tunisiennes.
Enfin, quand on lui demande pourquoi avoir nommé Kerkenométhanol sa découverte, il rétorque «tout simplement parce que lon trouve lalgue utilisée surtout dans le Golfe de Gabès et tout autour de lile de Kerkennah. Et je suis moi-même Kerkennien» !
Samy Ben Naceur
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