Quest ce quon aurait pu attendre dune industrie consacrée aux cassettes «Boudinar» ? En Tunisie, le rap a enfin trouvé son public sur le web. Les morceaux séchangent sur les téléphones portables.
Le web a longtemps été, en Tunisie, le seul canal de diffusion pour la musique Rap. Aujourdhui, quelques artistes arrivent à percer malgré tout. Parce quils sont littéralement portés par une jeunesse qui séchange les titres phare de Balti, Mascott (voir ici), et autres T-Men par le biais de leurs téléphones portables, et autres lecteurs MP3, après les avoir téléchargés à partir de plateformes désormais dédiés à la musique comme MySpace. Les canaux de distributions habituels, eux, continuent de lignorer. Malgré lémergence continue de ce genre musical paru en Tunisie depuis le début des années 90. Mais le rap, comme genre à caractère populaire, a toujours du mal à avoir la visibilité médiatique quil mérite en Tunisie. Une nécessité, pourtant pour quil puisse se développer et apporter sa contribution artistique à la Tunisie daujourdhui, celle du 21ème siècle.
Sombrant dans une obscurité imposée par un marché où le piratage et- la gravure sauvage laissent peu de possibilité aux artistes darrondir les angles (et leurs fins de mois), le rap se retrouve comme un nouveau genre musical atypique au sein du paysage artistique tunisien.
Le rôle de Mac125.com
Dans ces conditions, et durant de longues années, le seul canal de diffusion du rap a donc été le web. A travers notamment le portail Mac125.com, qui offre, depuis la fin des années 90, des dizaines de morceaux de rap tunisiens en téléchargement gratuit. Et parfaitement légal. Dune part à cause de labsence de lois réglementant le secteur. Dautre part, parce que les artistes eux-mêmes envoyaient leurs productions pour leur faire bénéficier de laudience dun tel site. Indépendamment de leur qualité, ces morceaux ont fini par trouver leur public Et ce, non seulement sur un forum spécialisé sur le même site web, à savoir Mac125.com, mais aussi à travers sa présence massive dans des concerts organisés dans diverses maisons de jeunes, Le café-théâtre lEtoile du Nord
etc. Quelques médias ont (tout de même) abordé le sujet. Mais les tentatives étaient rares. Elles ont dailleurs la plupart du temps ont échoué, en labsence dune dynamique entre artistes rap, journalistes et opérateurs culturels. Même les rappeurs qui ont décroché des contrats avec des éditeurs nont pas toujours été correctement rétribués. Et la distribution, censée être la spécialité de ces « professionnels » a trop souvent laissé à désirer.
Quest ce quon aurait pu attendre dune industrie musicale qui fait des cassettes «Boudinar» son principal fond de commerce ? Le web a donc conservé sa réputation de partenaire numéro 1 des artistes rap surtout avec la montée en puissance de Myspace.com. La sortie des albums de «Niz-art» et «Balti» en 2002, 2003 et de «Mascott» en 2004 ont permis au rap tunisien de simposer grâce à un message puisant sa source dans la réalité des jeunes, et des bas fonds de Tunis. Pour raconter et mettre en scène des phénomènes sociaux avec un réalisme sans précédent.
Thameur Mekki
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