Karkadan, rappeur tunisien évoluant en Italie, fait pleuvoir des tonnes de commentaires sur facebook. Son album sera édité par Universal, tout comme le défunt Michael Jackson ou Eminem. Un fabuleux destin pour un Tunzi Fi Shlekka !
Karkadan, rappeur tunisien évoluant en Italie, fait pleuvoir des tonnes de commentaires sur facebook. Son album sera édité par Universal, tout comme le défunt Michael Jackson ou Eminem. Un fabuleux destin pour un Tunzi Fi Shlekka !
Médiocrité et incohérence
Dans un vocabulaire trash, banal et souvent dérisoire, Karkadan scande des paroles vulgaires et violentes en arabe dialectal tunisien. Certains diront que la nature même du rap fait que sa prose est plutôt violente. Des groupes américains tels que les « Public Ennemy » au français de «Suprême NTM» se sont exprimés dans un langage cru. Commençant par l’exposition de faits et réalités, pour arriver à une analyse fondée sur un mental urbain agressé. Mais Karkadan, reste dans l’insolite, dans des chroniques qui évoquent son vécu. Dans une approche ne s’exprimant pas à travers un rap écrit autour d’un thème social ou autre mais dans un style plutôt Ego Trip, style de rap où le rappeur met en valeur son importance et ses qualités.
Karkadan se présente presque comme une caricature d’un rappeur tunisien happé par la schizophrénie ambiante. Tiraillé entre sa communauté d’origine et la société de son pays d’accueil.
Mélangeant les genres, alternant discours religieux, conquêtes sexuelles et banditisme. Le style dirty de Karkadan multiplie les contradictions, et les incohérences. N’empêche qu’outre mer, il est pris au sérieux. Il est soutenu par de grosses prods, ses clips sont tournés dans des conditions à la pointe du professionnalisme et sa musique est plutôt bien faite.
Tunzi Fi Shlekka
Le premier single issu de cet album, «Discothèque», est déjà de sortie. Malgré le niveau médiocre de ses paroles, Karkadan est arrivé à attirer l’attention d’un géant de l’industrie du disque. C’est dire que notre rhinocéros attire l’attention. C’est le moins que l’on puisse dire. Un destin fabuleux pour un Tunisien fi ettalyann (en Italie). Un représentant d’une minorité qui ne squatte pas vraiment les quartiers huppés de Rome ou de Milan. Là-bas, nos compatriotes sont donc théoriquement, l’équivalent des afro-américains aux USA et des Maghrébins et Africains en France. Les communautés les plus représentées dans le milieu du rap dans ces pays. La réussite du Karkadan dans le milieu hip hop apparaît, dès lors, un peu moins surprenante.
Mieux : la barbe et les tatouages renforcent le côté agressif et insolite du personnage. Confirmant les stéréotypes, et même surfant sur la vague déferlante des préjugés. Et après tout, pour vendre, la provocation ça paye. Et au final, pour les maisons de disque la valeur artistique importe moins que l’image de marque. Ce qui compte le plus pour les producteurs c’est la rythmique et un look ravageur (à prendre ici au premier degré).Et tant mieux si ça alimente une polémique, et colle des clichés peu flatteurs sur le dos d’une communauté. L’essentiel étant de vendre. Et visiblement une barbe peu avenante cernant une tête d’Arabe, ça fait vendre en Europe !
Thameur Mekki