Si le rap tunisien a du mal à trouver une certaine visibilité médiatique ou des canaux de diffusions, le web l’a toujours accueilli à bras ouverts. Mais voilà que le cinéma lui fait les yeux doux…
Si le rap tunisien a du mal à trouver une certaine visibilité médiatique ou des canaux de diffusions, le web la toujours accueilli à bras ouverts. Mais voilà que le cinéma lui fait les yeux doux.
Visiblement, le rap tunisien commence à être influent! Du moins aux yeux des cinéastes tunisiens qui en font usage pour la deuxième fois à titre promotionnel. Après «Elli Baka el Eyn» le morceau promotionnel de Making of de Nouri Bouzid interprété par R2M au chant et Lotfi Abdelli au rap, cest Ibrahim Letaief, réalisateur et producteur de Cinecitta, qui renoue lexpérience avec le rap pour usage promotionnel. Mais le rap ne séduit pas uniquement les têtes penseuses des promos mais aussi les comédiens. Après Lotfi Abdelli, cest Dali Ben Jemaa qui se convertit en rappeur, aux compétences douteuses, pour un featuring avec Wajdi alias Big Boss du groupe Mascott. Dénonciateur et revendicatif ainsi fût le morceau. Abordant la souffrance de lartiste par rapport à linsaisissable roue de fortune des subventions, ce morceau est plus polémique que nul autre. Mais il est bien loin de lunivers du film, truffé de clins dil au cinéma italien, une comédie typiquement méditerranéenne. Ceci témoigne de linfluence grandissante du rap en Tunisie. Il serait même tellement influent quon en fait usage à tort et à travers. Allant jusquà mêler deux références cinématographique nayant rien à avoir lune avec lautre. Quel lien trouver en effet entre « La Haine »(«jusquici tout va bien» répétitif dans le morceau) et le cinéma de Roberto Begnigni ou de Frederico Fellini. Lessentiel est davoir du rap dans pour la promo.
Années de travail
Wajdi de Mascott lexprime ainsi : «Des années de travail, deux albums dans le marché et lintérêt des médias et du milieu artistique fût toujours limités pour ce que nous faisons. Là avec un seul morceau en featuring avec Dali, cest le boom. Ils sintéressent au comédien mais pas à lartiste rap qui a travaillé réellement !». En même temps, une autre expérience a vu le jour avec Le Projet, nouveau court métrage de Dali Nahdi dont la bande originale est mise en uvre par Balti. «Cette musique issue des quartiers défavorisés américains incarne la violence urbaine figurant dans lunivers proposé par mon film, ce qui fait que la musique de Balti correspond à mon film.» explique Dali Nahdi. «Même le morceau quon va tourner en clip nest pas uniquement un morceau promotionnel. On est tellement dans le même univers que je ne pouvais pas laisser passer une telle expérience artistique.» ajoute-t-il. Effectivement, « Le projet », baigne dans un univers urbain pas lointain de celui du rap. Et le rythme, la voix grave de Balti et ses paroles soutiennent l’action du film en renforçant les accents émotionnels. «Suite à ma première expérience avec Zran, jai découvert la complémentarité entre cinéma et rap. Surtout que jai collaboré avec des cinéastes inspiré par la réalité: la rue tunisienne, les jeunes ( ) au même titre que mon rap.» nous confie Balti. Heureusement que le rap et ses adeptes se sont trouvé le chemin de limage parce quavant cela le web était le seul canal de diffusion de cette musique et lest toujours.
Du rythme pour des images
« Cette musique donne du rythme à mon film et j’ai donc mélangé les genres, classique, moderne et rap tunisien pour vivre l’époque actuelle avec le rythme d’aujourd’hui.» déclare Mohamed Zran, réalisateur du film Le Prince dans une interview au Bulletin du Festival Ecrans Noirs du cinéma d’Afrique francophone (FENCAF, Yaoundé, Cameroun), 2005. Visiblement, les 4 morceaux extraits de la bande originale de ce film édité en 2004 et signée par le rappeur Balti ont inspiré dautres cinéastes. En 2005, le réalisateur amateur Marouen Meddeb a fait usage de 2 morceaux du même artiste, Balti, dans la B.O de «Crocs Urbains» (Médaille de Bronze congrès de lUNICA 2006). Un deuxième cinéaste amateur, Slim Ben Cheikh, renoue lexpérience avec le rap sur la bande originale d«Aéroport Hammam Lif» (1er prix FIFAK 2007) dont la B.O est concoctée par Mahdi Lakani alias Madi Style. Injustice sociale, violence urbaine, immigration clandestine sont les sujets au centre des films cités ainsi que les morceaux associés. «Réaliser nos rêves», «Bounce», «Pouvoir sexe w Flous» de Balti ou «Barcha dmou3 lenna» de Madi Style ont su épicer les images des films. Quant à «Cinecitta» et «Elli baka el eyn», on aurait préféré voir chacun se contenter de faire ce quil maîtrise le plus !
Thameur Mekki