Tunisie : Zones d’ombre de l’ADSL

Qui a dit que le raccordement de nos zones d’ombre de l’ADSL avait un prix exorbitant ? Un petit village gaulois s’est raccordé pour 9000 de nos dinars. Avis aux amateurs !

Lancé en 2004, l’ADSL Lite, une variante de la technologie ADSL commercialisée par nos 5 FAIs, n’a connu qu’une timide évolution. Des prix encore exorbitants et un débit limité à 2 Méga bits par seconde. 2Mb/s le débit en Tunisie (ADSL v1), entre 18 et 25 Mb/s pour le Maroc (ADSL v2 ou appelé plus communément ADSL 2+), pourtant, nous sommes le premier pays africain à avoir relié les hôpitaux à Internet en… 1994 !

La technologie haut débit filaire (ADSL, SDSL, VDSL et fibre optique) reste très couteuse. Le déploiement de ce type de réseau ne pose pas un réel problème dans les grandes agglomérations vu que les coûts seront amortis par le nombre des abonnements. Toutefois, un problème se pose avec les petites communes. En effet, vu le nombre limité des habitants, les charges qui seront engagés à lier ces communes en liaison filaire à Internet pourront s’avérer beaucoup plus difficiles à amortir. Elles seront alors « isolées » d’Internet. C’est ce qu’on appelle les zones blanches.

Pour résoudre ce problème, la Tunisie a notamment misé sur le Wimax. Semblable au Wifi, le Wimax est une technologie hertzienne (sans fil) de transmission de données à haut débit (ondes radio). Sa couverture peut atteindre un rayon de 45 Kms avec des débits très élevés (jusqu’à 70 Mb/s). Grâce au Wimax, on peut faire l’impasse sur la ligne téléphonique (support de l’ADSL) et on résout le problème de saturation des centraux téléphoniques, auquel nous faisons face depuis plusieurs années.
A l’heure actuelle, Divona Telecom (détenue par le FAI Planet) est l’unique opérateur à commercialiser le Wimax en Tunisie. Petit bémol, il est réservé aux professionnels.  Son ouverture pour le grand public tunisien était pourtant prévue pour la fin de 2007.

Nécessité est mère d’invention

On notera cependant que des zones dites blanches existent aussi dans des pays comme la France. Là-bas, France Telecom refuse en effet de relier certaines zones au haut débit, pour des raisons de rentabilité… . Pourquoi ? Parce qu’elles sont le plus souvent très éloignées du central téléphonique le plus proche. C’est par exemple le cas d’une commune française de 280 habitants en Bretagne : Tréflévénez. Un village d’irréductibles Gaulois. Pour déclarer la guerre à la fracture numérique, ses habitants ont formé une association. C’est ainsi qu’un ingénieur informatique et un docteur se sont donné la main pour desservir les habitants de la commune par une connexion à haut débit qui passe … par le clocher de l’église ! Comme quoi même l’ADSL peut être un don du ciel !

L’équipe a construit un pont réseau de plus de 2 km entre Tréflévénez et la commune voisine (qui est couverte par le haut débit) qui fait office de dorsale internet (backbone). Cette liaison est par la suite reliée à une antenne émettrice installée dans le clocher de l’église. Cette liaison wifi a permis à chaque foyer de bénéficier d’un débit minimum initial de 1,5 Mb/s contre un coût de 25 € (environs 45,5 DT) par mois. Le déploiement du réseau, quant à lui, a coûté environ 4 500 € (environs 9 000 Dinars) à la commune. De quoi blanchir nos zones d’ombre de l’ADSL à peu de frais !

Welid Naffati

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