Gros plans sur des dos, des biceps, des épaules et même des endroits plus intimes… «Le tatouage est une façon de s’exprimer». Le phénomène s’expose sur Facebook, et a même inspiré un documentaire.
Gros plans sur des dos, des biceps, des épaules et même des endroits plus intimes… «Le tatouage est une façon de s’exprimer». Le phénomène s’expose sur Facebook, et a même inspiré un documentaire.
Des corps tatoués de jeunes hommes tunisiens s’exhibent sur le web. Gros plans sur des dos, des biceps, des épaules et même des endroits plus intimes… Avec pour toutes ces parties humaines, une caractéristique commune : elles exposent toutes un dessin, une calligraphie, un slogan, gravé dans la chair. «Le tatouage est une façon de s’exprimer» dixit un jeune homme… tatoué, justement, interviewé dans un documentaire « Wachem fou9 lajbel »
(tatoueur sur les montagnes). Un documentaire controversé de 15 minutes, réalisé par une certaine Salma, et qui continue du reste d’alimenter la polémique sur Facebook. Des pages entières relatent du reste les démêlés qui ont opposé un des protagonistes au réalisateur.
Symboles tribaux, signes astrologiques, lettres chinoises, … nos deux tatoueurs laissent libre cours à leur imagination, et suivent aussi les modes internationales. « Il y a également des clients qui dessinent des motifs spécifiques, propres à leur imagination. Ils nous demandent de les reproduire ou bien de les améliorer » confie un des deux tatoueurs en plein travail, sur la vidéo. Un père de famille a même offert un tatouage à son fils pour son anniversaire. Le papa précise qu’il a été convaincu par le travail de ces deux tatoueurs, qui clament ne pas prendre à la légère l’aspect hygiénique lors de l’exécution de leurs esquisses indélébiles.
En effet, nos deux artistes affirment utiliser uniquement du matériel professionnel complètement sécurisé : aiguilles individuelles stérilisées, encres spéciales pour tatouages….. On est bien loin des tatouages traditionnels qui s’effectuent à l’aide d’une aiguille douteuse et d’encres chimiques qui peuvent provoquer d’innombrables maladies ou pires, dégénérer en infections sous cutanées. Mais alors, s’agirait-il simplement d’un nouveau phénomène de mode au sein de notre société ? La réalité est plus complexe.
Pratique millénaire
Cette pratique aujourd’hui tombée en désuétude en Tunisie, a pourtant plusieurs milliers d’années d’histoire. Dans certaines tribus arabo-berbères les tatouages servaient de signes d’appartenance à un groupe, pour des rituels religieux et magiques. Plus tard, et jusqu’à la fin du 19ème siècle, il s’agissait d’abord d’un signe de ralliement pour des prisonniers, des pirates ou des soldats endurcis. Le harkouss de nos grand-mères, est demeuré et a même réussi à accéder au statut d’attraction touristique à part entière. Le tatouage, lui, a évolué. D’un point de vue sociologique, le regard des gens a fini par changer. Les corps peints visent désormais davantage à se transfigurer, se décorer. L’évolution se veut décorative, artistique, voire même cosmétique. Ce serait dans ce sens, qu’il faudrait interpréter l’exposition de ces corps de jeunes tunisiens dans cet album photo sur Facebook .
Seulement, malgré le fait que le tatouage est censé représenter un moment important de notre vie, qu’il soit agréable ou quand bien même douloureux, certaines personnes, notamment les adolescents, peuvent agir parfois sous l’emprise d’une impulsion soudaine et finissent un beau jour par le regretter. Comme le prouve d’ailleurs cette petite anecdote évoquée par les tatoueurs : certains client leurs demandent de tatouer le nom de leur petite amie… en symboles chinois, au cas où ils auraient à faire face à une éventuelle séparation…
Samy Ben Naceur