Jay-Z met à mort Auto-Tune

Le rappeur américain Jay-Z tire sur le bling bling, et sur le logiciel Auto-Tune. Signant le retour tonitruant du rap Old School. La vidéo du premier single extrait du nouvel album est en rotation sur le web depuis 2 semaines.

«Ladadada…heeeey, Goodbyyyye »…C’est en chantonnant cet air, en imitant les rappeurs aux voix traitées par Auto-Tune que Jay-Z ironise sur la musique de «D.O.A – Death Of Auto-Tune». Un single issu de son nouvel album, The Blueprint 3, qui sortira le 11 septembre 2009. Comme le titre l’indique, il ouvre le feu dans ce morceau sur Auto-Tune, et à travers ce logiciel, à une certaine frange de la nouvelle génération de rappeurs qui en font un usage excessif. La vidéo du premier single extrait du nouvel album de la grosse pointure du rap américain Jay-Z est en rotation sur le web, depuis 2 semaines.


Produit par No ID, ce morceau s’inscrit dans un registre Old School du rap américain avec une musique vivante interprétée par un quartet de jazz dans un sampling du morceau de Janko Nilovic et Dave Sucky, “In the Space” (voir la vidéo sur son site officiel www.jay-z.com ).

Old School VS Auto-Tune

Logiciel créé par la société Antares Audio Technologies en 1997, Auto-Tune analyse le pitch de la voix et la recale si nécessaire en l’alignant sur une gamme définie d’avance. Même un piètre interprète peut chanter juste grâce à ce correcteur de fausses notes agissant en temps réel.

Des chanteurs tels que les rappeurs américains Lil Wayne et Kanye West, Akon, les Daft Punk ainsi que les Français Booba, La Fouine et Rohff sont connus pour en avoir fait usage. Mais celui qui a fait le plus connaître ce logiciel à travers sa musique est le rappeur (ou pseudo rappeur ricain) T-Pain. D’ailleurs, Jay-Z le cite dans sa guerre anti Auto-Tune en scandant : « Get back to rap you T-Pain’n too much » (Revenez au rap vous T-Pain’ez trop, traduction littérale en français). Chaînes en or, platine et diamants brisés, vêtements scintillants en feu, bouteilles de champagne et packs d’Auto-Tune explosés, le clip vidéo du morceau baigne dans un univers underground. Tourné dans un sous-sol, avec un quartet de jazz aux instruments, vêtements simple et ambiance sombre, Jay-Z signe un retour aux racines du rap.


Marre du bling bling !

Dans ses lyrics, il s’attaque et tourne en dérision les rappeurs bling bling. «your n***** jeans too tight, your colors too bright, your voice too light…”(Vos jeans sont trop serrés, vos couleurs trop brillantes, vos voix trop légères, traduction littérale en français). Il se déchaine contre ces rappeurs trop versés dans les apparences et les gadgets fashion massivement véhiculés dans la musique afro américaine actuelle. Et pour cause: la black music sombre à l’ombre de la gigantesque industrie du disque aux exigences trop souvent contradictoires avec l’essence même de cette musique sortie des ghettos. Mais justement parce qu’elle en est sortie, et dont la pratique prend son essence de la street credibility.

«I know we facin a recession but the music y’all makin gonna make it the great depression» (Je sais qu’on est face à une régression mais la musique que vous faites en fera une grande dépression, traduction littérale en français) rappe Jay-Z dans «Death Of Auto-Tune».

A l’origine un pur produit de la contre culture, le rap, expression musical du hip hop, est supposé rejeter la pacotille façon jet-set et high society. Vérité première que Jay Z, avec 13 albums solo et 7 grammy award, à son actif, co-fondateur du prestigieux label de rap Roc-A-Fella Records, entend rappeler à sa façon.

Thameur Mekki

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