Tunisie : Ness Nessma remixe le Maghreb

« Ness Nessma » : un talk show à la mode de chez nous, qui a su allier, avec une subtilité entraînante, divertissement, humour et information pertinemment sélectionné.

« On risquait de perdre la licence ! » témoigne l’emblématique producteur tunisien et associé au projet « Nessma TV », Tarak Ben Ammar, en direct sur le plateau de Ness Nessma lors du numéro du vendredi 07 aout 2009. C’était un plateau très chaud lors de cette émission qui a accueilli, Jean Marie Bigard et Laurent Baffie, 2 humoristes français du genre à ne pas conseiller aux mineurs. Mais ce numéro de «Ness Nessma» émission n’est que la continuité de ses précédents. Ness Nessma cherche réellement à rompre avec le conventionnel et l’attitude de nos chaines télés caractérisés par un ultra conformisme étouffant. Ce talk show a réussi à présenter un concept d’une émission artistiquement et médiatiquement riche. Chaque vendredi et samedi, « Ness Nessma » met sur le gril une personnalité maghrébine ou internationale, du monde de la culture et des affaires.


Tunisie : Ness Nessma remixe le Maghreb

L’image dans tous ses états

En smoking noir, l’animateur de l’émission Fawez Ben Tmassek, est le maestro de l’équipe. Il modère, gère et annonce les différentes chroniques présentées. Petit à petit, Fawez laisse place aux images. A travers un portrait introducteur de l’invité, on est embarqué dans l’univers de l’émission. Un deuxième portrait focalisé sur un trait de caractère du personnage consolide la convivialité de l’entretien et l’ambiance du plateau. Une ambiance réchauffée par la présence d’un public réactif. La musique live jouée par des figures du groupe « Yram », un groupe de metal rock de la scène underground tunisienne, amène du groove au plateau pour plus d’énergie positive et de punch. L’actualité est aussi présente avec des reportages de terrain assez pertinents pour assurer une bonne complémentarité avec les différents éléments et rubriques du talk show. Concert d’Emir Kuturica & The No Smoking Orchestra à Hammamet, le PANAF à Alger ou Amwaj Assfi au Maroc, les sujets d’actualité culturelle suivent la cadence de la culture émergente. Quant à la rubrique « Maghrebna hakka », elle reprend les petits détails qui font que les peuples du Maghreb sont une unité renforcée par la richesse de leur diversité dans une présentation drôle et graphiquement très élaborée. On notera au niveau du générique, des personnalités du plus haut niveau, tournant sur un manège. Doucement corrosif.

Briser les clichés

Créatifs et originaux, les profils de ces chroniqueurs bannissent toutes sortes de préjugés sur le Maghreb. Les stéréotypes et clichés souvent véhiculés autour des maghrébins sont brisés en petites miettes. Une sorte de re-branding de cette région (un remake de l’image du Maghreb). Une déconstruction d’une carte postale qui n’a jamais été approuvée par les premiers concernés, à savoir les Maghrébins même. Désormais, dans un Maghreb vu par Ness Nessma, l’algérien n’est plus un macho, c’est un homme souvent bien sapé avec un air un peu précieux. C’est le cas d’Amine Idjer, chroniqueur et spécialiste presse people à Ness Nessma. Quand à Kaoutar, la spécialiste mode et glamour, elle représente une femme maghrébine émancipée, sexy, au goût raffiné, mais sans chichis.

Tunisie : Ness Nessma remixe le Maghreb 
La tunisienne Sawsen Maalej, cartonne, tout simplement. Un succès que n’ont pas manqué de relever les facebookeurs. A travers ses chroniques, Sawsen amène les clichés et les expose sur le plateau. Elle le fait en se glissant dans la peau des personnages qu’elle interprète. Anissa Poucette, Mme Naziha Saaf El Gabsi ou Sassia la Ménagère sont des personnages qu’on croise dans notre vie quotidienne dans un quartier chaud, dans une administration ou un parti politique. Peu importe le personnage, il est (im)pertinemment caricaturé par Sawsen. Un humour noir inhabituel pour nos chaînes-télés nationales et dont le succès (sur le web du moins) prouve que l’audimat tunisien est demandeur. La culture de l’autodérision omniprésente socialement était jusque là absente du petit écran national. L’autodérision est présente dans toute sa splendeur avec la standardiste de Nessma, interprétée par Maha Chtourou, pointant les breaks publicitaires avec la fameuse réplique de «Nessma Marahbéé».

«Avec Nulle part ailleurs que sur Nessma» comme slogan lancé à la fin du spot de ce talk show diffusé sur Nessma TV, la production lance un clin d’œil à l’émission culte diffusée et produite par Canal +. Le ton mâtiné d’anticonformisme et l’humour décalé sont inspirés de cette chaîne. Le plateau et la musique live sont aussi empruntés à quelques chaînes du paysage médiatique français de plus en plus imprégné par la télé américaine. Ainsi, Ness Nessma en prend le meilleur et l’adapte à la sauce maghrébine dans sa version Nessma TV. Parce qu’au fond «ce n’est pas normal qu’on est connu chez nous, au Maghreb que quand on passe sur une chaîne étrangère». Il s’agit donc d’une «chaîne pour que les talents Maghrébins soient connus par les Maghrébins. Pour qu’on soit pas obligé d’aller en France, Italie, ou en Espagne… ». C’est Tarek Ben Ammar qui le dit, en guise de mot de la fin. Pour clore une émission paradoxalement consacrée à des stars françaises.

Thameur Mekki

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