Peut-on contrer les effets de l’inondation par un déluge d’informations ? Le problème avec Le cocktail Facebook, twitter, et téléphone portable, c’est que le canular d’un farceur peut avoir un impact dévastateur…
Peut-on contrer les effets de linondation par un déluge dinformations ? Le problème avec Le cocktail Facebook, twitter, et téléphone portable, cest que le canular dun farceur peut avoir un impact dévastateur.
Les alertes radiodiffusées se sont multipliées. Paradoxalement, cette fois-ci, les médias «officiels» nont absolument pas versé dans le blackout. Loin de là. Lhomme de la météo serait presque devenu une star de la télé. On laura rarement vu aussi souvent en un laps de temps aussi court. Un déluge de météo sest donc déversé sur le petit écran, et par radio interposé. Certes la situation est grave, puisque les inondations ont fait 17 morts à Redeyef. Limportant étant de contrer les effets dévastateurs (pour certaines régions) de laverse, par un déluge dinformations. Les blogueurs sen sont dailleurs donnés à cur joie pour broder et même caricaturer Monsieur Météo.
Au final, les médias classiques ont contribué à alimenter les rumeurs les plus folles. A croire quil sagissait, pour eux, de tout tenter pour ne pas se laisser déborder sur le web. Or à multiplier les conseils style «restez à lécoute, de nouvelles alertes seront radiodiffusées en direct», on ne contribue pas à apaiser les esprits. Surtout quapparemment, le mal est déjà fait et le pire dépassé. La nouveauté, cest que même nos portails sur le net, a priori plus branchés, ont été devancés, noyés, sous le flot dinfos distillées par de parfaits inconnus disposant pourtant dun avantage certain : celui dêtre sur les lieux, avant les «envoyés spéciaux» accrédités. Et on a beau être directement lié à la tunisphère, et pas quavec des liens hypertextes, on se fait tout de même coiffer au poteau par les petits nouveaux.
Le problème avec les nouvelles technologies, cest que le canular dun farceur malintentionné peut avoir un impact aussi important que celui dun portail réputé sérieux, ou dun journal imprimé. Pour peu que les images soient spectaculaires, quelques photos peuvent mettre une population en état de choc. Le cocktail Facebook, twitter, et téléphone portable, surtout ceux à caméra intégré, peut se révéler détonnant. Fini le temps où il fallait mettre ses mains dans le cambouis du HTML et autres langages informatiques aux noms barbares pour bidouiller péniblement une page web.
Les réseaux sociaux permettent de mettre en ligne linfo puis surtout de la
diffuser à grande échelle en quelques clics. Les Tunisiens ont même leurs propres boîtes à outils, et autres produits dérivés de twitter, comme tnlabs.org et autres babtounes.com. Jetant au passage les journaux imprimés et même télévisés aux oubliettes.
Le problème nest pas propre à la Tunisie. Les médias classiques du monde entier font face au même phénomène. Les plus rétifs traînent même le net et ses cyberjournalistes dans la boue de leur canard de papier. Les plus sophistiqués ont préféré intégrer ces nouveaux outils pour se nourrir dactualité on ne peut plus fraîches. Et cest désormais à ce niveau quintervient le journaliste, remettant au goût du jour les vieilles règles du métier : recoupage des informations, vérifications, comme seuls garants de sa crédibilité. Parce que les pièges sont nombreux dans la jungle du Net. Il y a toujours la possibilité de faire passer de vieilles photos pour des nouvelles. Jamais les images retouchées voire trafiquées nont été aussi nombreuses. Lintox trouve dans le web un terreau fertile. Les anciens peuvent rechigner à se retrouver réduits à létat de tamis de tweets aussi déchaînés que les éléments. Ceux de la nouvelle vague qui ont appris à surfer avant même de savoir écrire nauront pas ces réserves. Autant dire quils savent nager. Même entre deux eaux.
Oualid Chine