En Tunisie, les usagers du portable sont près de 3 fois plus nombreux que les internautes. Et il y a 9 fois plus de téléphones mobiles que dordinateurs. Le 3ème opérateur fera-t-il du téléphone un média de masse ?
La téléphonie mobile en Tunisie, a proprement révolutionné de pans entiers de léconomie. Et pour une fois, les petites gens nont pas été ignorées par linnovation technologique. Qui aurait cru il y a encore une décennie que nos plombiers, électriciens, maçons, se muniront de téléphones sans fil et de plus en plus miniaturisés ? Les voici pourtant se basant désormais sur la high tech dans leur travail quotidien. Et pendant ce temps, le troisième opérateur continue sa campagne de recrutement lancée depuis bientôt 2 mois.
Malgré les quelques 9 millions dabonnés tunisiens au téléphone mobile, nous nen sommes vraisemblablement quaux premiers pas. Ce chiffre, pourtant, qui nous place parmi les tout premiers pays dAfrique en termes de densité téléphonique mobile, laisse envisager de véritables bouleversements tant au niveau médiatique quéconomique pour peu que linternet mobile promis soit fourni à des prix accessibles à la masse des utilisateurs. Parce que les usagers de la téléphonie mobile sont près de 3 fois plus nombreux que les internautes. Et il y a donc dans notre pays près de 9 fois plus dappareils téléphoniques que dordinateurs. Le parc informatique même sil sest considérablement enrichi au fil des années, est tout de même limité à 1,110 million dordinateurs. Le calcul est simple. Et les perspectives de développement des services liés au mobile tout bonnement vertigineuses. Dautant plus quà ce jour, bien peu a été fait dans le secteur, si lon excepte les sms du baccalauréat, et autres bagatelles à télécharger.
Tomi Ahonen est lun des gourous du mobile. Cest lauteur de best-sellers, et accessoirement darticles High Tech parus notamment dans le «Wall Street Journal». Et il classe le téléphone mobile parmi les médias de masse. Le 7ème historiquement après limprimerie, lenregistrement audio, le cinéma, la radio, la télévision et linternet. Mieux : Ahonen considère même que notre cellulaire est appelé à surclasser les six médias précédents, web y compris. Un appareil désormais aussi familier mais bien plus proche de nous que la télé. Au niveau tunisien, à en juger par le nombre dappareils déjà en circulation, lidée ne paraît guère farfelue. Dautant plus que le lectorat de nos journaux de papier est plutôt cacochyme, et que laudience de nos chaînes télé ne se porte pas beaucoup mieux. En somme, en adaptant lanalyse de M. Ahonen au contexte tunisien, on pourrait prévoir quOrange permettra aux fournisseurs de contenus sur téléphone de battre notre bonne vieille chaîne télévisée nationale.
Et en plus de rassembler dentrée un public cible appréciable, le téléphone est le seul média réellement de masse à pouvoir constituer aussi un moyen de paiement. Dans de nombreux pays dAfrique, le portable sert aussi de banques. En Côte dIvoire, par exemple, lopérateur Orange propose ses services «Money», qui permettent à ses clients de déposer ou de retirer de largent dans des agences dans tous le pays . Mieux : au Kenya, près de la moitié des comptes bancaires sont des comptes mobiles.
Or le contenu et les services sur mobile, pèchent pour linstant par leur absence en Tunisie. A la notable exception de quelques portails qui se sont piqués de mettre en ligne une version dédiée à ce mini-support. Or un communiqué officiel affirme que le duo Divona Telecom-Orange va bel et bien commencer à proposer ses services au grand public dès début 2010. Ce sera le premier acteur du marché à offrir à la fois les services téléphonique et internet fixe et mobile. Et du côté de la concurrence, la foire dempoigne a dores et déjà commencé. La bataille feutrée pour drainer les meilleures ressources humaines est lancée. Les uns et les autres nouent des alliances, et les fournisseurs daccès ne se contentent pas de regarder. Reste à espérer que le téléphone réussisse là où le net a échoué.
Oualid Chine
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