«Heureusement que ces deux pays n’ont pas de frontières communes », relève Abdelmajid Chetali. Pour Tarek Dhiab, «le match prend des allures de guerre». Dans le monde arabe, le sport roi est aussi médiatisé qu’instrumentalisé.
«Heureusement que ces deux pays n’ont pas de frontières communes », relève Abdelmajid Chetali. Pour Tarek Dhiab, «le match prend des allures de guerre». Dans le monde arabe, le sport roi est aussi médiatisé quinstrumentalisé.
Les prévisions de lancien joueur, qui a mena lEquipe Nationale de Tunisie au mondial 78 en Argentine, se sont avérées exactes. A peine une semaine après cet entretien, voilà que le bus de léquipe algérienne a été accueilli à coups de jets de pierres et de briques sur les routes dEgypte. La foule de supporters égyptiens sest déchainée. Au final, trois joueurs algériens ont été blessés : Rafik Saïfi légèrement touché à la main et Rafik Halliche et Khalid Lemmouchia à la tête. Suite à ce malheureux événement, la délégation algérienne à même annoncé, sur le site du quotidien national algérien Echourouk, quelle envisageait le retour de son équipe au pays.
Les mots de Chetali
« Heureusement que ces deux pays n’ont pas de frontières communes », relèvera même Abdelmajid Chetali, lentraineur tunisien, le premier dans le monde «à avoir mené une équipe africaine à la victoire dans une phase finale», rappelle le quotidien français l’Equipe. Le chanteur emblématique «roi du raï», Khaled, et le chanteur égyptien Mohammed Mounir ont beau donné de la voix dans un concert commun, jeudi soir, devant près de 45.000 personnes. Ils ne réussiront pas à adoucir les murs.
Rappelons que ce conflit footballistique algéro-egyptien ne date pas daujourdhui. Le premier épisode date du match du 16 novembre 1989, au Caire, opposant les deux équipes. Un autre scandale sest déroulé en Algérie, suite à un match de coupe arabe, ou lentraineur égyptien, contrarié par larbitrage, sétait adonné à un spectacle pas très catholique, devant les caméras et le public algérien. Depuis, la guerre fait rage entre les supporters des deux sélections nationales. Et certains médias égyptiens aux tendances xénophobes affichées sans vergogne jettent de lhuile sur le feu. Avec leur armada de chaînes satellitaires, pas étonnant que les Pharaons marquent des points dans cette bataille médiatique.
Propagande dans le Cyberspace
A lexemple du commentateur Amr Adib qui a déjà tenu des propos xénophobes à l’égard des Algériens et des… Tunisiens. Mais voici que les Maghrébins choisissent de jouer sur un autre terrain. Celui du World Wide Web. La cyberguerre est déclarée. Le forum tunisien Tunitech rapportera même que le site de la Fédération Egyptienne de football a été hacké.
Et Youtube, la célèbre plateforme déchanges de vidéos savère être le terrain parfait pour les internautes algériens qui ne cessent de rivaliser dingéniosité pour ridiculiser les Egyptiens. Et tout le monde y prend pour son grade : en passant par des images du sélectionneur Shehata endossant le rôle dune mariée, au côté de son confrère algérien Rabah Saâdane, jusquà la diffusion de montages vidéos mettant en scène Mel Gibson dans le film Bravehart. Voici que le héro, William Wallace, encourage ses troupes pour aller au combat. Mais dans cette version algérienne, bien loin des Highlands écossaises, les ennemis ne sont pas les Anglais mais bel et bien les Pharaons. Et Wallace sexprimera en arabe, avec laccent algérois ! Les Egyptiens ont également riposté, par lintermédiaire de vidéo relatant les exploits de leur équipe nationale. Notamment lors des matchs de 1989 et de 2001. Bien que les hackers algériens peuvent compter sur leur rap on ne peut plus expressif, pour ne pas dire très virulent (Torino,Milano ).
A la veille du match Tunisie-Mozambique, prévu également pour le 14 Novembre, même le journal sportif l’Equipe, souligne dans un article, quon assiste à une véritable vampirisation de lespace médiatique par le choc algéro-egyptien. Il ne sagit pourtant «que» de foot déclarent les «Sages», dans une vaine tentative dapaiser les esprits. Cest oublier que le sport roi, dans le monde arabe, constitue lopium du peuple. Cest un spectacle défouloir, aussi médiatisé, que trafiqué instrumentalisé. Les supporters des uns et des autres réclament leur petite dose de victoire par procuration, pour oublier leur frustration.
Samy Ben Naceur
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