Tunisie : Tchatter sur facebook pour être recruté ?!

Un gérant d’entreprise conseille nos jeunes diplômés au chômage : «il vaut mieux tchatter sur facebook plutôt que de ne rien faire» ! NextIdea Tunisie compte recruter… même les «sans diplôme»!

L’agence-conseil en web marketing, Nextedia, (filiale de Lagardère Active), a changé de nom. La société s’appellera désormais NextIdea. Une opération dans la foulée du changement à la tête de la direction l’année dernière. Et la boîte a une antenne tunisienne qui était jusque là 100% exportatrice. Mais pour 2010, NextIdea Tunisie, a décidé de changer d’orientation. Elle compte désormais utiliser son savoir faire et son expertise en visant le marché local. Cette agence est spécialisée dans le domaine de la communication digitale, à savoir le web et le mobile.

L’objectif étant, selon Mme Hosni Krid, gérante de NextIdea Tunisie, de «rendre le marché de la communication sur l’internet tunisien plus mature». Selon elle, chaque entreprise doit se poser une question avant de faire appel à une agence de communication sur le web : «quelles sont les solutions que je dois adopter pour améliorer mon image de marque». Pour Mme. Krid, «les sociétés tunisiennes ont tendance à croire qu’il faut débourser beaucoup d’argent, par exemple dans le référencement sur le web, pour augmenter leur notoriété. Or, il suffit parfois de dépenser peu pour un résultat beaucoup plus important». Selon elle, «les réseaux sociaux comme Facebook et twitter, sont d’excellents moyens de soutien à l’affichage urbain et aux spots radio/télé, pour augmenter l’impact d’un produit sur le client final. La force de facebook et twitter réside dans le bouche à oreille. De plus, cet impact peut être mesuré quasi-instantanément. Une chose qu’on ne peut pas avoir avec les moyens classiques de communication» affirme Mme Hosni.

Et l’approche de NextIdea est tout aussi originale quand il s’agit de sa politique de recrutement. De quoi battre en brèche certains clichés récurrents en Tunisie : avoir un diplôme c’est la condition sine qua non pour se frayer un chemin dans la vie professionnelle. Plus besoin de vous dire que cette pensée a mené quelques parents à approuver l’hypothèse suivante «pas de diplôme = chômage à vie ou travail misérable».

Pour plusieurs chefs d’entreprises, c’est l’expérience qu’affiche le candidat sur son CV qui pourra faire valoir son profil. Sur cette réflexion, les demandeurs d’emploi dénoncent un discours hypocrite : «comment voulez-vous que j’aie de l’expérience si toutes les sociétés me demandent une expérience professionnelle ? Il faut bien qu’on me recrute au moins une fois pour que je puisse l’avoir !» C’est en tout cas ce que l’on entend tout le temps sur les terrasses des cafés.

Exit les diplômes !

Pour Mme Hosni Krid, gérante de NextIdea Tunisie, le niveau universitaire n’a jamais été pour elle une condition sine qua non de recrutement pour sa start up : «Je suis arrivée à recruter une personne qui avait à peine le niveau bac. Mais sa personnalité et sa volonté de réussir a fait de lui un très bon salarié». Pour cette dirigeante d’entreprise, si le succès d’une embauche peut se trouver dans le contenu du CV, il est surtout à dénicher dans les à côtés souvent négligés en Tunisie.

Le staff de NextIdea Tunisie

Selon Mme Krid, il est clair que l’expérience professionnelle (comme les stages) a son poids dans tout processus de recrutement, mais ce sont les activités parascolaires et associatives qui font gagner des points au candidat. «Moi-même je n’ai pas appris à être dirigeante d’une PME grâce à mon diplôme universitaire» affirme-t-elle. «C’est grâce à l’Association Internationale des Etudiants en Sciences Economiques et Commerciales, l’AIESEC, que j’ai pu apprendre les bases du management et de la création d’entreprise. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai pu découvrir Internet en 1998. Un outil qui est devenu rapidement une passion. Et j’en ai fait mon travail aujourd’hui».

Mais elle fait également un constat assez alarmant sur le niveau de nos jeunes : «Il m’est arrivé de refuser catégoriquement des personnes qui détiennent des maitrises voire même une expérience professionnelle dans le secteur. Leur niveau linguistique, la façon avec laquelle ils s’expriment et la pauvreté de leurs activités sociales ont été rédhibitoires. Quand je pose la question “que faites vous pendant vos heures libres ?“, je préfère qu’on me réponde “je t’chat sur facebook” plutôt que “rien“. On a tendance à le négliger, mais tchatter sur Internet c’est aussi une activité enrichissante, voire même plus valorisante que le “rien” évasif. Le postulant doit comprendre les enjeux d’Internet pour faire preuve de beaucoup de subtilité et de créativité».

C’est pour cela que l’agence compte recruter prochainement des salariés avec pour critère principal… la passion d’Internet. Les bloggeurs tunisiens seront d’ailleurs les premiers invités à postuler !

Welid Naffati

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