Lunivers d«Il était une fois à laube » baigne dans la drogue, le sexe et lalcool. «Lun des personnages se saoule et agresse sa mère. Mais dès quun de ses amis prend le Coran, il lui défend de toucher au Livre Sacré». Identité ivre ?
«Il y a ceux qui partent vers les extrêmes. Que ce soit lextrémisme religieux ou la délinquance. Moi, je suis plutôt intéressé par ceux qui restent au milieu, déchirés entre les deux» déclare Dali Nahdi au sujet de son dernier film. Actuellement, en phase de post-production, «Il était une fois à laube » est un film qui sera produit en deux versions finales : en court métrage destiné aux différents festivals et manifestations cinématographiques, et en moyen-métrage pour viser les chaînes télés. «Peut être quil sera vendu à quelques stations étrangères. Parce quen Tunisie, malheureusement, on nachète pas» précise Dali. Avec un budget de 230 milles dinars tunisiens «Il était une fois à laube » est en tout cas le court métrage le plus cher de lhistoire du cinéma tunisien. Filmer la vie des jeunes de la jet set tunisienne coûte cher !
Ouverture brutale !
Voitures de luxe, boites de nuits, drogue, sexe et alcool, lunivers du film sannonce encore plus «explicit» que son précédent (Le Projet). Njoum Ellil ou Maktoub, séries ramadanesques à succès diffusés sur Hannibal TV et Tunisie 7, ont déjà baigné dans cet univers. Mais, le réalisateur semble avoir une approche différente. «Tout a été dit depuis les Grecs, je ninvente rien. Maktoub et Njoum Ellil nont rien inventé nont plus. Il y a même un film qui parle de la jet-set marocaine [allusion au film Marock, NDLR]. Chacun a un scénario et traite le sujet et le filme à sa manière. Personnellement, je suis très proche de lacteur. Jai mon rythme propre. Ma touche personnelle de créativité fait la différence».
La différence émane également de la réflexion motrice de ce nouveau projet de Dali Nahdi. «La Tunisie a connu, ces cinq ou dix dernières années, une ouverture brutale. L es jeunes issus des quartiers riches vivent une déchirure plus vive que les autres» relève le jeune réalisateur. « Ils sont entre deux civilisations, deux cultures. Ils se tournent plus vers lEurope et la culture occidentale. Beaucoup plus que les jeunes issus des quartiers populaires. En même temps, les jeunes de la high society sont condamnés à rester tunisiens, musulmans avec nos traditions» poursuit-il. «La question est résolue pour ceux qui ont choisi lextrême. Mais les gens qui ont un problème didentité vivent un combat permanent. La situation est complexe. Cest cette complexité qui mintéresse» précise Dali Nahdi. «Par exemple, lun des personnages du film ne cesse de se saouler. Il se drogue et agresse sa mère. Mais en même temps, dès quun de ses amis prend le Coran, il lui défend dy toucher parce que «cest un livre sacré» explique-t-il.
Au bout de la nuit
Dans «Il était une fois à laube », des scènes ultra réalistes viennent appuyer la réflexion du réalisateur. Le tournage sest étalé sur 17 jours dont 15 durant la nuit. «Le film commence à lheure du coucher du soleil et se termine à laube. Le monde de la nuit me passionne. En plus, ce film est centré sur la vie du gratin de notre société. Et ses protagonistes sont plus actifs le soir, ils vivent la nuit !» raconte Dali. Les infractions de «Weld Si Flen» sont tolérées par lagent de police (Dali Ben Jemaa) au comportement témoignant dun complexe dinfériorité frappant. Des adolescentes, filles de richards, sortent à une heure tardive du soir sous lindifférence malveillante des parents. La fille des bas quartiers, elle, continue à chercher à grimper léchelle sociale, mais est systématiquement poursuivie, à chacune de ses sorties nocturnes par sa mère. «Jai voulu évoquer dans ce film, comme dans le précédent, le manque de repères et dobjectifs chez les jeunes. Sans donner de solution. Je ne donne jamais de solution. Je ne fais quouvrir des fenêtres et mettre le doigt sur certains aspects de notre vécu» précise Dali Nahdi. Dans une approche aussi réaliste, le langage trash des jeunes est inévitable. Si Dali Nahdi a couvert les «gros mots» avec des beeps dans son premier court-métrage, dans «Il était une fois à laube », le langage cru nest pas censuré.
«Avec «Le Projet», jai crié très fort aux responsables : laissez nous faire les choses comme on le sent. Jai toujours cru en cette liberté dexpression. En plus, après le tour que jai fait dans les festivals internationaux, jai remarqué que les films qui touchent le plus sont ceux où les réalisateurs vont au bout de ce quils veulent dire. Jai fait un film qui parlent des jeunes et je suis parti jusquau bout. Même si le film ne sortira pas en Tunisie, je men fous. Il sortira ailleurs» lance le réalisateur.
Thameur Mekki
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