Simon, le vieil épicier juif, l’un des protagonistes de «Zarzis» de Zran a suscité une petite polémique. Mais ce n’est pas une première. Il y a 24 ans, «L’Homme de Cendres» de Nouri Bouzid a dû faire face à une farouche campagne de boycott à cause d’un autre personnage juif.
Simon, le vieil épicier juif, lun des protagonistes de «Zarzis» de Zran a suscité une petite polémique. Mais ce nest pas une première. Il y a 24 ans, «LHomme de Cendres» de Nouri Bouzid a dû faire face à une farouche campagne de boycott à cause dun autre personnage juif.
«Pourquoi un juif ? Pourquoi montrer une image positive du Juif alors queux, Juifs, ne cessent de nuire à notre image, celle de nos peuples arabo-musulmans ?» ont lancé certains journalistes et autres présents dans la conférence de presse qui a suivie lavant première de «Zarzis» ou «Vivre Ici» à son auteur Mohamed Zran. Ce qui na pourtant pas empêché son film dêtre apprécié et récompensé du Golfe Arabe aux rives de lAtlantique. «Zarzis» a en effet remporté le Black Pearl Award et le prix du meilleur nouveau réalisateur au Festival du Film du Moyen Orient à Abou Dhabi. Il a été primé, le 03 avril 2010, par le grand prix de la ville de Tétouan (catégorie documentaire) au Festival International du Cinéma Méditerranéen à Tétouan au Maroc. En terres arabes, «Zarzis» (VO) ou «Vivre Ici» (VF) a été salué par les critiques et les pros du cinéma. Mais, en Tunisie, quelques voix contestatrices se sont élevées.
Simon, combattant de clichés !
Le réalisateur réagit : «Si javais à guider les gens dans une sorte de lecture du film, je dirais que le message de «Zarzis» est adressé, entre autre, aux Juifs et à tous ceux qui nuisent à limage des Arabes et des Musulmans. Je veux leur dire voici la réalité ! Je cherche à faire comprendre à lOccident qui attaque notre image et notre réputation quici, à Zarzis, on fait confiance».
Et Zran poursuit : «Simon, ce Juif, est un confident à qui on prête notre corps pour être soigné et même nos fils pour quils soient examinés. Lidée véhiculée à notre sujet ? Des criminels, des tarés. Et bien, non, cest le contraire. Cette lecture nous révèle que notre film est hyper-important aujourdhui pour notre image, en tant quArabes et Musulmans». On constatera du reste que le bon vieux Simon est loin dêtre le seul personnage juif controversé du cinéma tunisien.
Une controverse nommé «LHomme de Cendres»
Dans son article, Férid Boughedir relève la réaction de Nouri Bouzid lors dun débat en marge des JCC. «Vous voulez effacer une partie de ma mémoire! Je ne vous permettrai pas d’amputer une partie de ma culture. Ceux qui veulent à tout prix confondre «juif» et «sioniste» ont le même raisonnement que ceux qui en Europe, veulent confondre «arabe» et «terroriste» ou «musulman» et «fanatique» » dixit Bouzid.
«L’Homme de Cendres» a fini par remporter le Tanit dOr. «Le film s’affirme comme un triomphe populaire et réalise le record de recettes absolu en Tunisie depuis l’existence du cinéma, battant des films comme Rambo et Rocky» écrit Boughedir dans le même article cité ci-dessus.
Plusieurs autres films tunisiens ont mis en scène des personnages tunisiens de confession juive. Sagirait-il juste de mettre en valeur la richesse de la Tunisie plurielle ? La culpabilité occidentale contribue à renforcer la visibilité de la communauté juive au cinéma. Mais le septième art tunisien aurait-il également une dette à payer au peuple de Moise ? Autant de questions auxquelles on tentera dapporter des éléments de réponse dans un prochain article .
Thameur Mekki