Au début du 20ème siècle, la communauté juive a joué les premiers rôles dans le monde du spectacle en Tunisie. Les films tunisiens l’ont maintes fois évoquée. Le réalisateur Férid Boughedir en fera même sa spécialité. Flash Back !
Au début du 20ème siècle, la communauté juive a joué les premiers rôles dans le monde du spectacle en Tunisie. Les films tunisiens l’ont maintes fois évoquée. Le réalisateur Férid Boughedir en fera même sa spécialité. Flash Back !
Flash Back ! Le premier-court métrage de l’histoire du cinéma de Tunisie a été réalisé en 1895 par Albert Samama, dit Samama Chikly, un tunisien de confession juive. Ce réalisateur a également tourné, en 1922, le premier long-métrage de notre cinéma. Son film a été intitulé «Aïn el Ghazal» ou «La Fille de Carthage». Au casting de ce film, on trouve au premier rôle Haydée Chikly, la fille d’Albert Samama.
A l’indépendance de la Tunisie (1956), il n’y avait que deux cinéastes professionnels actifs. L’un est juif, André Bessis, réalisateur des premières actualités tunisiennes filmées sous le titre «Al-Aahd al-Jadid» (la nouvelle ère). Et l’autre est musulman, M’hamed Kouidi, qui réalise son premier film en 1956 sur l’Assemblée nationale constituante tunisienne.
Pour en revenir au cinéma, on notera que la chanteuse juive Habiba Msika a fait l’objet d’un film réalisé par Selma Baccar en 1996. En cette même année, Férid Boughedir a produit «Un été à la Goulette». Ce film raconte l’histoire de trois amis inséparables : Youssef le Musulman, contrôleur sur le TGM, Jojo le Juif, roi du brik à l’œuf, et Giuseppe le catholique, pêcheur sicilien. Michel Boujenah, le célèbre comédien franco-tunisien de confession juive, y jouera un petit rôle. La chanson du générique du film se décline en deux versions : l’une chantée par Michel Boujenah et l’autre par Lotfi Bouchenaq. «Beaucoup parmi les Tunisiens musulmans, dont des intellectuels et hommes de culture, même s’ils ne le disent qu’à moitié, se sentent aussi orphelins depuis cette séparation. Je suis moi-même orphelin de cette Tunisie plurielle» écrit Férid Boughedir dans la revue Confluences Méditerranée en 1994.
D’autres films portant sur le même sujet ont été produits tel que «Le Nombril du monde» d’Ariel Zeitoun, tourné en Tunisie en 1993 avec Michel Boujenah au rôle principal. Durant la même année Mounir Baaziz a réalisé un documentaire sur le pèlerinage des Juifs à la Ghriba de Djerba.
On peut cependant remarquer que les défenseurs de la «Tunisie plurielle» se soient quasi-uniquement intéressés à la communauté juive. La richesse de l’identité tunisienne inclut pourtant d’autres apports culturels, d’autres minorités statistiquement tout aussi (sinon plus) importantes. On pense par exemple aux Noirs tunisiens, aux Berbérophones, que nos cinéastes friands de «diversité» semblent avoir tout bonnement zappés.
Thameur Mekki
Lire la première partie :