La puissante voix bédouine de Mounir Troudi a résonné entre les murs de l’aristocratique Médina de Tunis. Il brise les clichés avachis à coup d’ironie Electro. «Il ne faut pas banaliser le soufisme et en faire une carte postale folklorique pour vendre» clame-t-il…
La puissante voix bédouine de Mounir Troudi a résonné entre les murs de l’aristocratique Médina de Tunis. Il brise les clichés avachis à coup d’ironie Electro. «Il ne faut pas banaliser le soufisme et en faire une carte postale folklorique pour vendre» clame-t-il.
A 19h45, le concert commence. Accompagné par Sami Ben Saïd au clavier et au Laptop, Zied Lakoud à la basse et Seif Eddine Maaiouf au naï, l’indomptable artiste poussent ses premières onomatopées. Sa puissante voix résonne entre les murs de ce lieu historique. Il n’y a même pas 50 ans, ces airs chantés par Mounir Troudi étaient prohibés à Tunis, surtout à la Médina. Le conservatisme des aristocrates tunisois tenait à bouter le chant des bédouins hors des murs de la cité. Et Mounir a évoqué ce genre de conflits socio-régionaux dans l’un de ces morceaux. Il s’agit de «3arka». «C’est l’histoire d’une vieille querelle entre deux femmes, la citadine et la paysanne» lance l’artiste avant d’interpréter cette nouvelle chanson. Sur un rythme hip hop aux accents jazzy, Mounir Troudi a enivré le public avec un chant bédouin puisant sa densité dans un percutant rythme Old School.
Pas de batteur ni de percussionniste assurant la section rythmique. Un problème de disponibilité des musiciens ? Mounir explique : «Ce n’est pas à cause de l’indisponibilité du batteur. J’ai choisi une autre approche rythmique. Quand j’ai collaboré avec Erik Trufaz ou avec Speed Caravan, on avait un batteur mais on comptait quand même sur l’apport de l’Electro sur le plan rythmique». Et il poursuit : «Il y a des couleurs constantes. Le travail minutieux de la MAO (musique assisté par ordinateur) avec les filtres, les samples et les loops n’est pas effectué par un batteur».
Dans ce concert, Mounir Troudi ne s’est pas contenté d’aligner de nouvelles versions de son vieux répertoire. Deux nouveaux morceaux ont été présentés en avant-première, samedi dernier. Il s’agit d’«Al fahm Bel Ichara», sur un texte du grand maître soufi «Al Hallej» et de «3arka» cité ci-dessus. Mounir a dédié ce morceau à «Djej à Carthage». L’allusion est claire. L’artiste explique sa dédicace satirique : «A travers ce morceau, j’ai voulu afficher la différence entre ce que je fais et ce que font d’autres qui prétendent faire de la musique soufie. Il ne faut pas banaliser le soufisme et en faire une carte postale folklorique pour vendre».
L’artiste nous confie : «Ce sont des morceaux issus d’un projet commun avec le musicien français SIG. On a déjà concocté 18 morceaux. Actuellement, ils sont en cours de mixage en Suisse. L’album sera de sortie dans environ deux mois».
Thameur Mekki
Crédit Photos : Yassin Hamrouni