Faut-il avoir un réseau Internet neutre et sans régulation ? Faut-il restreindre l’accès aux services sur Internet par la censure ou par le bridage au nom du coût élevé de la bande passante ? Ce sont quelques questions soulevées lors du séminaire de la FRATEL à Tunis.
Faut-il avoir un réseau Internet neutre et sans régulation ? Faut-il restreindre laccès aux services sur Internet par la censure ou par le bridage au nom du coût élevé de la bande passante ? Ce sont quelques questions soulevées lors du séminaire de la FRATEL à Tunis.
Cest autour de cet axe que plusieurs intervenants se sont succédés au pupitre pour défendre la nécessité davoir un Internet neutre. En clair une toile mondiale où aucun opérateur, ni fournisseur daccès Internet (FAI), ni fournisseur de services Internet (FSI) ou encore moins une autorité de régulation ne doit faire de la discrimination «entre les contenus, les services ou les applications en fonction de leurs sources».
«LInternet repose en effet sur un principe fondamental qui est la neutralité et son ouverture. Lutilisateur ne doit pas subir dentraves dans laccès aux contenus, aux services et aux applications de son choix» rappelle M. Mathurin Bako, Président de lAutorité de régulation des communications électroniques (ARCE) du Burkina Faso, au cours de sa présentation.
Prix élevé, consommateur responsable ?
Les services quon trouve sur le net sont en effet de plus en plus variés comme les logiciels de Peer 2 Peer (BiTorrent par exemple), ou de plus en plus volumineux comme les vidéos, les espaces de stockage et le partage des ressources (grid et cloud computing). Ceci se traduit donc par une demande croissante de bande passante. Ce qui oblige au passage les opérateurs à y répondre. Et pour ce faire, ils doivent donc apporter les modifications nécessaires sur leur réseau et/ou acheter plus de bande passante pour desservir lensemble de leurs abonnés.
Au final, le coût global de cette opération sera supporté par le parc dabonnés de lopérateur. Ceci est logique dans un sens où cest le client final qui en a fait la demande dune façon directe ou indirecte : plus de services demandés = besoin de bande passante plus grand = un prix plus élevé.
«Il peut être assumé que le consommateur est responsable de son acte de consommation et quil engendre à ce titre les problèmes de congestion sur les réseaux», déclare M. Laurent Benzoni, Professeur à Sorbonne Universités et Associé TERA Consultant.
Plus de service = plus de bridage ?
Pour remédier à cela, les acteurs télécoms ont recours à la «limitation temporaire de la bande passante des utilisateurs, dès quils ont dépassé un volume de téléchargement ou à certaines heures de la journée», dixit M. Stéphane Piot, consultant chez Analysys Mason. «Les opérateurs télécom ou les FAIs peuvent également appliquer ce quon appelle la gestion du trafic par application. C’est-à-dire la priorisation du trafic de certaines applications et limitation de la bande passante pour dautres applications à plus basse priorité ou très consommatrices en capacité [NDLR : le bridage]».
Le consommateur est donc victime de sa propre consommation. Plus il demande des services sur Internet, plus il consommera de la bande passante et plus il payera cher son abonnement. Les FAIs sen tirent avec des bénéfices puisque ce sont leurs clients qui paieront la différence. Mais les fournisseurs de services Internet (FSI) (dont la fonction est strictement limitée à la fourniture de contenu et ninterviennent pas au niveau de laccès) peuvent-ils être tenus de payer une partie de labonnement ? La FRATEL dénonce un modèle économique qui manque de transparence et contraire au principe de la neutralité. A suivre.
Welid Naffati