Des orateurs de la FRATEL épinglent le manque de transparence des FSI et des FAI/opérateurs télécom. Orange plaide pour qu’une partie des coûts de la bande passante soit payée par les FSI. Et des intervenants appellent à respecter les libertés sur le Net.
«Internet c’est comme l’eau: elle est soit disant à tout le monde mais la bataille fait rage pour les tuyaux, les robinets, la distribution, le traitement, (etc.). Et tout le monde veut sa part du gâteau» a déclaré Mme Claire Audin de la société Clarity lors du séminaire de la FRATEL qui s’est tenu le 27 et 28 avril dernier à Tunis à propos de la neutralité du Net.
Parce que pour Mme Audin, les opérateurs télécoms et/ou les fournisseurs d’accès Internet (FAI) tentent aussi de capter une partie des bénéfices que peuvent engranger les fournisseurs de contenus et services Internet (FSI) : «Les fournisseurs de contenu doivent passer un accord avec l’un des opérateurs, et ne seront donc pas diffusés par les autres réseaux». Une pratique discordante avec le principe de la ‘’Net Neutrality’’.
Mme Audin a également épinglé la complexité des procédures entre les FSI et les opérateurs télécom : «Il m’est arrivé une fois de préparer un système de vote par téléphone pour une émission de télé dans un pays africain. Chaque opérateur avait des modalités de reversement [NDLR : d’une partie des frais des communications surtaxés] différentes. Nous étions obligés de passer des accords avec 22 opérateurs téléphoniques de 7 pays différents».
Le manque de transparence entre les FSI et les opérateurs télécoms a été encore plus clairement épinglé par M. Stéphane Piot, consultant chez Analysys Mason : «Un fournisseur de service TV sur IP, par exemple, consommera de la bande passante à l’opérateur pour que ce dernier véhicule le contenu à l’abonné. Ce dernier consommera également de la bande passante pour pouvoir regarder la TV sur IP. Mais si le client devra payer le coût de cette surconsommation de débit [NDLR : migrer au palier supérieure et/ou acheter l’offre sous forme d’option payante], on ne peut réellement savoir si le fournisseur de contenu est en train de payer lui aussi la quantité de bande passante qu’il utilise pour acheminer son service à l’opérateur».
Revoir les prix d’abonnement Internet ?
M. Marc Lebourges, Directeur du département Europe et Economie au sein du groupe Orange France Telecom, n’a pas manqué de dénoncer ce manque de transparence dans la gestion du web de la part des opérateurs et fournisseurs de contenu : «Actuellement, les fournisseurs de services Internet émetteurs de trafic ne paient pas les coûts de traversée de l’accès Internet, et les plus gros ne paient quasi-rien (pas même le transit)».
Une situation qu’il juge inefficace pour les clients finaux: «Les coûts variables de trafic [NDLR : quantité de bande passante consommée] n’étant pas payés par les sites émetteurs, ils sont compris dans le prix payé par les abonnés». Or, ce schéma ne peut être efficace «car les abonnés ne contrôlent plus les données qu’ils reçoivent (Spam, du contenu Vidéo/audio sur les sites d’information et de commerce électronique, Téléchargements, mises à jour automatiques, Format des fichiers vidéo, etc.)».
Le représentant du groupe Orange finit son allocution en faisant un plaidoyer sur la nécessité de «Faire payer les coûts variables du trafic Internet aux émetteurs [NDLR : les fournisseurs de services et contenu Internet]» avec une séries d’arguments comme la résolution du problème d’«allocation des capacités d’Internet», la prévention de «la congestion des capacités d’accès et de transport» et des «Tarifs de détail transparents et maîtrisables».
En clair, les régulateurs télécoms, comme l’Instance Nationale des Télécommunications de Tunisie (INTT), n’ont pas un rôle qui se limite uniquement à surveiller les opérateurs télécoms et/ou les fournisseurs d’accès Internet. Avec l’augmentation des débits, plusieurs services convergeant (comme la Télévision sur IP) peuvent être fournit par des nouveaux acteurs qui sont les fournisseurs de contenus (FSI). Les interactions qui peuvent se faire entre ces FSI et les opérateurs/FAI ne doivent pas échapper à l’œil vigilant des régulateurs télécoms.
Mais la neutralité peut-elle être assurée si ces policiers des télécommunications vont avoir aussi à réguler le contenu et les services qui peuvent être proposés via Internet ? Les points de vue divergent, et des intervenants (comme Orange) lors de ce FRATEL appellent à respecter les libertés sur le Net. A suivre.
Welid Naffati
A lire également :
Plus : Actu