Tout l’âge d’or du cinéma ressurgit en un clin d’œil, à travers d’interminables étagères regorgeant de titres aussi rares que surprenants. La vidéothèque « Mauvais Sang » est sans doute l’un des derniers refuges dédiés aux films d’auteurs et aux classiques du genre.
Tout l’âge d’or du cinéma ressurgit en un clin d’œil, à travers d’interminables étagères regorgeant de titres aussi rares que surprenants. La vidéothèque « Mauvais Sang » est sans doute l’un des derniers refuges dédiés aux films d’auteurs et aux classiques du genre.
Témoin de toute une époque, la vidéothèque mauvais sang, dont le nom évoque un film d’auteur français tourné en 1986 avec Juliette Binoche et Michel Piccoli, est sans doute l’un des derniers temples dédiés aux films d’auteurs et aux classiques du genre. Cela va faire 18 ans que son propriétaire, Ali Zaoui, cinéphile averti, consacre son temps à un métier qui a tendance à être de plus en plus marginalisé.
Des œuvres sorties de nulle-part…
«Les gens ne s’intéressent plus beaucoup aux bons vieux films classiques ou au cinéma d’auteur. Ils recherchent de plus en plus les dernières sorties du box office américain» souligne Ali, l’air serein. Mais d’après lui, «ça n’a rien de nouveau. Il en a toujours été ainsi, même au temps des cassettes vidéos VHS».
«La plupart des clients ne veulent pas des œuvres qui sollicitent leurs neurones. Mais il y a bien entendu les connaisseurs. Il y a tout de même encore des cinéphiles, bien que largement minoritaires, qui recherchent à chaque fois la perle rare».
Un avenir incertain…
Quand on lui demande son avis sur l’avenir des vidéos clubs en général, Ali avoue d’un ton pessimiste que «ce métier va droit dans le mur, car à terme, ce concept se retrouve forcément menacé. La principale cause n’est assurément pas les boutiques de gravure CD qui bradent, pignon sur rue, des copies de DVD, mais c’est plutôt le haut débit !». Pour renforcer sa position, il rajoute que « Si le client arrive à télécharger lui-même ses DVD, il n’aura donc plus besoin d’intermédiaire ! De toute façon, je me demande à quoi peut bien servir une connexion ADSL de plus de 8Méga ? Sinon à télécharger plus rapidement ! ».
Le DVD face au piratage…
On lui demande son avis concernant la proposition de Ridha El Behi (Lire l’article : Tunisie : Piratage, la solution de Ridha Behi), relative au piratage des œuvres cinématographiques tunisiennes. Pour Ali Zaoui , il s’agit effectivement d’une idée assez intéressante. Mais selon lui, on pourrait faire beaucoup plus simple : «Si l’Etat imposait aux boutiques de gravure disséminées sur tout le territoire de la République, une infime taxe de 10 dinars par mois, il y aurait de quoi réunir des milliards». Une somme que l’on pourrait mettre à disposition de l’industrie cinématographique nationale.
En somme, la proposition de Ridha Behi, semble faire mouche, et représente donc, une bonne base de réflexion même pour un cinéphile averti.
Le vidéoclub «Mauvais Sang» propose d’ailleurs ses DVD à 1.5 l’unité. Un prix dérisoire, quand on sait qu’à une certaine période, les DVD gravés étaient vendus à 20dt l’unité ! « Le DVD est devenu industrialisé et banalisé à tel point qu’aujourd’hui, le film est devenu jetable ! Au moins avant, les cassettes vidéos n’ont pas eu le temps de subir ce triste sort », souligne-t-il avant d’ajouter « Personnellement, je ne me considère pas comme un pirate, j’ai un minimum de valeurs. Et après tout, pourquoi parle-t-on de piratage ? Existe-il une loi contre cela ? A-t-on le droit de parler de piratage en Tunisie ? ». Il est vrai que cette remarque qu’a soulevé notre homme, donne beaucoup à réfléchir. Car après tout, ce terme tant critiqué par certains, concerne uniquement certains pays qui ont une industrie du cinéma et donc beaucoup d’intérêts en jeu. Mais pourquoi les Tunisiens s’en priveraient-ils ? Au nom de quel principe ?
Samy Ben Naceur