«Ca a fait une polémique qui ne devrait même pas exister» s’indigna M. Thierry Marigny, DG d’Orange Tunisie à propos des appels illimités. Un expert en marketing rétorque que «la relation entre le marketing et le consommateur est une relation perverse où chacun trouve son plaisir».
«Ca a fait une polémique qui ne devrait même pas exister» s’indigna M. Thierry Marigny, DG d’Orange Tunisie à propos des appels illimités. Un expert en marketing rétorque que «la relation entre le marketing et le consommateur est une relation perverse où chacun trouve son plaisir».
«On avait peur du lancement. Non parce que nous n’étions pas prêt, mais parce qu’on était plutôt hanté par l’idée que nos boutiques soient boudées au jour J» nous a confié un salarié d’Orange Tunisie. «C’est de ça que tous le monde chez Orange avait peur : un bide commercial du premier jour».
Mais le lancement d’Orange Tunisie était tout sauf un bide. De longues files d’attentes interminables durant trois jours, des clés Internet 3G+ et des téléphones entrée-de-gamme à 1 dinar volatilisés en quelques heures. Mais le “mauvais œil” a vite frappé la filiale de France Telecom au pays du jasmin : Impossible d’activer toutes les lignes du premier jour et le stock des téléphones Samsung E1080 à 1 dinar a vite viré au rouge laissant grognon quelques clients.
D’autres plus zélés se sont même permis d’épingler Orange Tunisie. Le motif ? L’utilisation du mot illimité pour des appels gratuits 24h/24 et 7j/7 vers des numéros du même réseau. Des appels illimités qui se sont avérées par la suite plafonnés à 50 heures par mois. Le département marketing a alors vite réagi en annonçant le doublement du quota d’appels illimités vers les numéros Orange. Ce dernier est en effet passé de 50h à 100h par mois.
«Ca a fait une polémique qui ne devrait même pas exister» s’indigna M. Thierry Marigny, directeur général Orange Tunisie dans une interview accordée récemment à Tekiano. «En Europe, quand on parle d’illimité c’est bloqué à 50 heures vers tous les numéros (…). En Tunisie, si notre client a tout le parc d’Orange à appeler en illimité [NDLR : le cas de l’Optima 150 dinars/mois], il aura jusqu’à 100h de communications gratuites par numéro appelé. Je suis persuadé que personne ne pourra atteindre ces 100 heures». En clair, si on a deux ou plusieurs numéros Orange favoris à appeler en “illimité”, on pourra téléphoner, et parler durant 100 heures gratos avec chacun d’entre eux.
«On pourrais toujours discuter sur le terme, mais le mot illimité c’est quelque chose que nous n’allez pas atteindre. Moi je considère au contraire qu’on a été transparent quand on a parlé d’illimité. On a peut- être été radins au départ, mais ces 50 heures et même les 100 heures, ne seront jamais atteintes».
Vendre, vendre et puis vendre !
Faut-il alors parler d’illimité dans les slogans publicitaires même si la limite semble être difficilement atteignable ? «L’objectif d’une marque c’est de vendre, vendre et puis vendre !», nous explique Slim Hmaied, chef de projet dans une société de communication, bloggueur et publicitaire. «Pour y parvenir, il faut trouver des concepts en tenant compte du comportement des consommateurs. Quand une offre contient le minimum requis pour qu’on l’appelle “illimitée”, le service marketing doit en profiter sous forme d’accroche publicitaire pour attirer le maximum de clients».
«Paradoxalement, cette démarche rassure le client : Il trouve que la marque fait un effort pour lui ! On peut dire donc que la relation entre le marketing et le consommateur est une relation perverse où chacun trouve son plaisir : Le premier à vendre, et le deuxième à se sentir satisfait d’avoir déniché la “bonne affaire”».
Welid Naffati