Mondial 2010 : Al Jazeera accuse, Israël diffuse ?

Al Jazeera Sport a subi un acte de sabotage sur le satellite NileSat. Al Jazeera a demandé à ses téléspectateurs de changer de satellites. La TV égyptienne accuse alors la chaine qatarie de vouloir nuire à NileSat. Mais voilà qu’une chaine israélienne diffuse les matchs en clair et en langue arabe.

Le début de cette coupe du monde de Football 2010 sera longtemps marqué dans l’histoire des medias arabe. Marqué par un écran noir. Celui des chaines d’Al Jazeera Sport lors de la première journée de ce tournoi en l’occurrence. Ce blackout a privé des millions de téléspectateurs de pouvoir regarder la cérémonie d’ouverture et le premier match de la compétition. Les téléspectateurs ont assailli les bureaux des revendeurs des cartes Al Jazeera ou harcelé par téléphone les propriétaires des serveurs des abonnements sharing. Ils étaient loin de soupçonner que ce problème était général et d’un niveau plus élevé. Très élevé. A plus de 35.000 kilomètres au dessus de nos têtes.

Le holding Media Al Jazeera s’est empressé de publier un communiqué sur son site pour informer ses clients de ce qui s’est passé : Al Jazeera a été victime d’un acte de sabotage. Une source inconnue a perturbé l’émission du signal vers le satellite NileSat. «Nous allons collaborer avec une société internationale pour mettre la lumière sur cette affaire et attaquer en justice les malfrats».

L’appel d’Aljazera pour saboter NileSat

Les soupçons se sont alors tournés vers l’unique partie qui gère NileSat : L’Egypte. Tout le monde se rappelle en effet les attaques qu’a subi Al Jazeera dans les médias du pays des pharaons. Ils ont épinglé la chaine qatarie sur le prix exorbitant de retransmission de la coupe du monde que devra débourser l’Egypte. Ces négociations ont réussi à faire fléchir l’union de la radio et télévision égyptienne qui a finalement déboursé 22 millions de dollars pour la retransmission de 22 matchs, mais seulement sur le réseau terrestre. 22, c’est aussi le nombre des matchs que Al Jazeera a annoncé vouloir diffuser en clair sur le Moyen Orient et le Maghreb.

Malgré sa retenue à ne pas citer clairement NileSat dans l’affaire, Aljazeera Sport est partie dans une campagne médiatique tous azimuts sur tous ses supports media. Elle encourageait les téléspectateurs arabes à migrer vers le satellite Hotbird (notamment pour les habitants du Maghreb) ou Arabasat ou Noursat. La chaine explique en effet que pour ne plus continuer à subir ces perturbations de source «inconnus», il fallait tourner sa parabole vers les nouvelles fréquences sur les autres satellites. La chaine Al Jazeera appel donc, indirectement mais clairement, les téléspectateurs à saboter NileSat pour le compte des satellites concurrents.

Coups bas et règlement de compte

Le directeur de l’union de la radio et télévision égyptienne et membre du conseil d’administration de NileSat, cité le 14 juin par le journal égyptien Al Chourouk, a déclaré : «J’accuse les chaines d’Al Jazeera d’être la source de la perturbation. (…) Avec son acte, elle [ndlr : Al Jazeera] vise plus particulièrement NileSat puisque je sens une certaine gêne face aux réussites et la place qu’occupe NileSat (dans le monde arabe). Les accusations d’Al Jazeera en sont la preuve. NileSat ne va pas sacrifier ni sa place ni sa réputation pour ce genre de comportement enfantin».

Salah Hamza de la société NileSat s’est quant à lui empressé de calmer le jeu en déclarant qu’ «il y a une certaine volonté d’amplifier la polémique» assurant par la suite qu’il y a une excellente entente et collaboration entre NileSat et Al Jazeera pour «détecter la partie satanique qui tente de tirer profit de cette polémique». M Hamza enfonce le clou en déclarant que «ce qui vient de se passer est une preuve qu’il y a une volonté à politiser l’affaire et à créer des tensions entre le Qatar et l’Egypte».

Et quand Israël s’en mêle…

D’après le site Al-akhbar.com, 24 heures après cette polémique, Al Jazeera a publié un communiqué dans lequel elle cite les propos de NileSat. Et en l’occurrence, la société égyptienne décline toute responsabilité dans cet acte de piratage. Le Qatar tente donc de calmer le jeu, mais certaines parties égyptiennes versent dans la surenchère.

Le lundi 14 juin, plusieurs sites d’information arabe, et égyptiens notamment, ont attaqué Al Jazeera sur son silence face à… Israël. En effet et d’après ces sites, la première chaine israélienne diffuse sur le satellite Amos (4° W) – donc juste à côté de la position géostationnaire de NileSat à 7° W- les matchs de la coupe du monde en clair avec des commentaires en hébreux et… en arabe.

Or, Al Jazeera détient l’exclusivité de diffusion du Mondial 2010 en arabe sur la région du Moyen Orient et le Maghreb. «A se demander si la télévision israélienne a acheté les droits de diffusion d’Al Jazeera», lit-on sur le site Maannews.com.

Quant au site égyptien youm7.com, il s’est plutôt posé la question sur le mutisme du holding qatari sur cette affaire. Une attitude que l’auteur de l’article trouve surprenante par rapport à tout le tapage médiatique qu’a créé Al Jazeera sur l’affaire de perturbation de signal sur NileSat.

Welid Naffati

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