L’opérateur historique nie toute responsabilité. Le ministère des technologies de la communication déclare n’avoir aucune relation avec «les perturbations sur les communications téléphoniques via Internet». Pendant que des groupes sur Facebook défendent la VoIP en Tunisie.
Depuis quelques mois, la qualité des conversations vocales sur le Net ne cesse de se dégrader en Tunisie. Plusieurs familles ne parviennent plus à communiquer correctement avec leurs proches à l’étranger. Son et image saccadés, décalés, robotisés, bref, la liste des désagréments ne cesse de se rallonger.
On a soupçonné Tunisie Telecom de vouloir bloquer le flux d’appel sur Skype et Msn. C’est le succès de ces deux applications web qui en serait la cause. Certains ont ainsi relevé qu’en passant par skype ou msn, on pouvait faire l’impasse sur les appels voix classique de Tunisie Telecom. Ce qui se traduit bien évidement par un manque à gagner pour TT.
Mais l’opérateur historique s’est empressé de démentir cette rumeur considérée comme «dénuée de fondement». Le site Leaders.com.tn dans un article publié le 7 juin dernier, a rapporté les propos de l’opérateur soulignant qu’il n’a «ni les pouvoirs, ni la latitude, de couper ou d’arrêter tel ou tel service ou tel moyen de communication».
Le ministère des technologies de la communication ? Il est également hors de cause. Après avoir relaté les différents problèmes de la VoIP sur Skype et sur Windows Live Messenger (anciennement connu sous l’appellation MSN) en Tunisie, le Journal papier Assabah, dans son édition du 17 juin, a relayé la déclaration du ministère qui affirme : «ni le ministère ni ses instances n’ont de relation avec les perturbations sur les communications téléphoniques via Internet».
Ces "perturbations" du réseau sont donc d’origines… "inconnues". Des groupes commencent à se former sur Facebook appelant à ne pas interdire la VoIP en Tunisie. Comme la page «Laissez Skype, je veux appeler ma maison» ou encore «contre le blocage du protocole SIP en Tunisie» où des chefs de centre d’appels débattent sur les solutions qu’ils doivent adopter face à cette mauvaise tournure pour leur business.
Et si c’était la connexion ?
Des voix commencent à se faire entendre pour dénoncer un problème encore plus grave et qui pourrait être la raison de toutes ces dégradations. Plusieurs internautes ont en effet noté dernièrement de fortes perturbations pour accéder aux sites hébergés hors des frontières de la Tunisie. Des mesures de débit sur speedtest.net ont révélé une forte discordance entre les résultats d’un serveur de test officiel hébergé en Tunisie et ceux hébergés à l’étranger. Le débit de téléchargement descendant (download) sur les serveurs de Paris ou de Londres est parfois plafonnée à 2 Mb/s environs, surtout le soir.
Voici un exemple de test depuis une connexion haut débit
Voici un autre depuis une ligne Fibre optique professionnelle
D’autres internautes ont également épinglé le ping (temps de réponse du serveur à une requête) qui est trop élevé le soir surtout à partir de 23h. Un temps de latence qui peut être rédhibitoire au bon fonctionnement d’une conversation audio/vidéo sur Internet. De surcroit, des pannes aléatoires des DNS nationaux ont été rapportés ces derniers temps et qui auraient contribués aux perturbations du Net tunisien. En gros, si la VoIP ne marche pas en Tunisie, ça serait donc à cause d’un problème général dans la connectivité Internet vers le réseau mondial.
Et si cette hypothèse se révèle la bonne, le désagrément que vive les usagers de Skype et de MSN serait à la fois plus anodin et plus grave.
Plus anodin, parce qu’il couperait court aux tenants de la théorie du complot qui voudrait qu’il y ait une cause cachée à cette dégradation. Plus grave, parce que si c’est la qualité de la connexion qui est véritablement en cause, le problème en question est encore plus sérieux. Parce qu’en l’occurrence, ce ne sont plus uniquement les habitués de la VoIP gratuite qui seraient touchés. Mais plutôt tous les internautes de Tunisie, surtout les professionnels à qui une bonne connexion Internet, sans restriction de services, est plus que vitale pour leur business.
Rendez-vous demain pour la suite de l’histoire.
Welid Naffati
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