Sa gueule crève l’écran. Entre deux séquences, il passe du dealer machiavélique et coriace au fils sensible et protecteur. Moez Gdiri interprète brillamment le rôle de Zack dans le feuilleton «Njoum Ellil». Mais bien avant son apparition sur le petit écran, l’acteur a laissé des traces sur scène. Portrait.
Sa gueule crève l’écran. Entre deux séquences, il passe du dealer machiavélique et coriace au fils sensible et protecteur. Moez Gdiri interprète brillamment le rôle de Zack dans le feuilleton «Njoum Ellil». Mais bien avant son apparition sur le petit écran, l’acteur a laissé des traces sur scène. Portrait.
Mais il n’est pas l’un des acteurs venus des vestiaires de la fashion life, ô combien nombreux dans nos feuilletons télévisuels ramadanesques. Il n’est pas non plus un de ceux qui multiplient les castings en quête d’apparitions médiatiques afin de mener une vie de star. A l’origine, Moez Gdiri est un acteur et un metteur en scène de théâtre. «Le théâtre est le laboratoire où je puise mes capacités de comédien» nous confie Moez.
Diplômé de l’Institut Supérieur des Arts Dramatiques (ISAD) en 2004, Moez Gdiri a mis en scène «Albinos» en 2007, «Cherifa et Azzaouz» en 2008, et «Replis» en 2010. Il a également participé en tant que comédien à de nombreuses œuvres théâtrales. On en cite «La Gare» et «Sahertou» de Chedly Arfaoui, créées respectivement en 2005 et en 2008. Il a également joué en solo dans «Hydrogène», un monodrame de sa propre création.
Du théâtre absurde, du vaudeville, de l’expérimental et autres, Moez a tout essayé. On le croise même dans les coulisses de «Made in Tunisia» de Lotfi Abdelli en 2009. En effet, il est le metteur en scène assistant du one man show en question. Durant l’été 2010, Moez Gdiri a vécu une autre expérience. Il s’agit de la mise en scène de «Caméléon», spectacle de Mohamed Ali Ben Jemâa dédié à la culture Hip Hop. Il nous en parle : «J’ai toujours voulu toucher au monde du show. Caméléon m’a permis ceci. Le jour où je ferais un autre spectacle, que ce soit une comédie musicale ou autre, je serais armé de leçons tirées de cette expérience».
Mis à part le théâtre, Moez Gdiri a aussi fait partie du casting de certaines productions cinématographiques tunisiennes à l’instar de «Bin El Wedien», long-métrage de Khaled Barsaoui. «Le film n’a pas eu les conditions opportunes pour avoir du succès. Pourtant, «Bin El Wedyen» est bien fait. Mais avec huit salles de cinéma, on ne peut pas aller loin» déclare Moez. Notre interlocuteur a également joué dans plusieurs court-métrage. On en cite «Souiâa Adhen» de Mamdouh Ben Abdelghafar, «Dhaou fel Bhar» de Naceur Kasraoui et «Ïn w Lil» de Mohamed Ali Mihoub.
«Je ne peux pas être formaté parce que je n’ai encore rien dévoilé de mes capacités. Dans «Njoum Ellil», j’ai juste puisé dans un seul registre de jeu parmi d’autres que je maîtrise de par mon expérience dans le théâtre. Moez Gdiri n’est pas Zak. Ce personnage n’est qu’un registre» rétorque l’acteur. Et il poursuit : «Le théâtre fait partie de mon quotidien. J’enseigne le théâtre. Je ne suis pas du tout loin de la scène. Même quand le tournage de Njoum Ellil était en cours, je travaillais sur la mise en scène de «Replis» et j’enseignais».
Après un parcours aussi diversifié, Moez Gdiri n’a trouvé la reconnaissance médiatique et populaire que suite à «Njoum Ellil». Et c’est avec amertume qu’il en tire un constat : «En Tunisie, qu’on le veuille ou pas, le comédien ne peut tirer sa légitimité (populaire) d’être comédien qu’à travers la télé. A qui la faute? Je ne sais pas si c’est celle des gens qui ne fréquente pas les salles de théâtre ou s’il s’agit d’une crise dans le quatrième art au point où un comédien de théâtre n’est pas reconnu par les gens».
N’empêche que Moez a l’ambition de changer la donne durant les années à venir de sa carrière. «Le théâtre a servi la télé. Et le jour viendra où la télé servira le théâtre» dixit l’acteur avec clairvoyance.
Thameur Mekki
*La photo horizontale illustrant cet article est extraite de l’album «Hors Champs» de l’artiste photographe tunisien Samy Snoussi.