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Tunisie : Drogue, meurtre et adultère à 20h

La drogue, l’adultère, les meurtres seraient-ils devenus si courants qu’on doive leur consacrer le prime time ? La nouvelle mixture que l’on voudrait nous faire ingurgiter, est à base de sexe, de violence, et d’arnaque. Un cocktail a priori indigeste, pour le mois de Ramadan.

La drogue, l’adultère, les meurtres seraient-ils devenus si courants qu’on doive leur consacrer le prime time ? La nouvelle mixture que l’on voudrait nous faire ingurgiter, est à base de sexe, de violence, et d’arnaque. Un cocktail a priori indigeste, pour le mois de Ramadan.

Le mois de Ramadan auquel on accorde une importance toute particulière dans le Maghreb arabe, est censé, sous nos cieux plus qu’ailleurs, être consacré à la piété, et aux bonnes vieilles valeurs familiales. Avec pour corollaires, la boulimie et la classique téléphagie. Un mois qui permet à nos télés nationales de rompre le jeûne après 11 mois de non-production, et de léthargie, notamment en matière de fiction. Il n’y a pas si longtemps de cela, les feuilletons mettaient en exergue les péripéties de familles bien de chez nous, inscrites dans leur cadre, ancrées dans le terroir. Qu’il s’agisse de la Médina de Tunis, ou de l’austère beauté de nos campagnes, nos séries télévisées se faisaient un point d’honneur à divertir le Tunisien moyen sans le sortir totalement de son environnement.

Seulement voilà. Nos chaînes TV ont choisi de prendre le virage. La nouvelle mixture que l’on voudrait nous faire ingurgiter, est à base de sexe, de violence, et d’arnaque. Un cocktail a priori indigeste, pour le mois de Ramadan.

L’effet Choko

L’histoire plonge ses origines dans le «Mektoub». C’est écrit, comme on dit, et même cousu de fil blanc. La série Mektoub a cassé la baraque avec ses petites frappes, ses trafiquants, qui crèvent un écran guère habitué à autant d’agressivité. Et c’est la première fois qu’on a accordé autant d’importance à un voyou à la télévision. On plongera la tête la première, dans les péripéties sordides, du personnage, certes charismatique. Curieusement, la même saison, la première chaîne privée tunisienne a creusé le même sillon, d’une manière un peu plus soft, avec ses «Etoiles nocturnes», les Njoum ellil, réchauffées pour ce Ramadan de l’année de grâce 1431. On sera gavé de biznessmen escrocs, de fonctionnaires corrompus, et pour le cru de cette année, on aura même un meurtre dans une prison. Difficile de faire mieux. La dernière production de Cactus, sera pourtant tout aussi piquante, puisque c’un autre péché capital qui sera mis en scène : l’adultère. «Casting» choisira même délibérément de nous conter les dérives sexuelles d’une mineure. Autant dire un scénario qui semble tout droit sorti des pages faits divers de notre presse de caniveau. Le problème ? la quasi-totalité des fictions programmées sont du même acabit. Vous n’y échapperez donc pas, à moins de zapper toutes les chaînes tunisiennes.

Légitimer les dérives sociétales

Pour les Musulmans l’Aïd correspond au Noël occidental. Mais la veille de Noël, dans les télés européennes, est consacrée aux émissions soft, donnant la part belle aux bons sentiments, versant même, parfois, dans la guimauve. Pourquoi les fictions arabes en général, et tunisiennes en particulier préfèrent-elles pêcher leurs histoires dans les égouts ?

Certains relèveront que ces feuilletons nous ressemblent. On aurait ainsi les séries que l’on mérite. A ce point ? Les affaires d’adultères, de drogue, seraient-elles devenues si courantes pour qu’elles monopolisent le petit écran ? Notre société aurait à ce point changé ? Les trafiquants de drogues, les couples adultérins, tiennent-ils à ce point le haut du pavé pour qu’on doive leur consacrer quotidiennement le prime time à la télé ? Ou s’agirait-il, plus pernicieusement, de légitimer les dérives d’une société en mal de repère ?

LBC

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