Radhi fera tout pour sémanciper de la tyrannie de sa femme quitte à la tuer. Avec «Linge Sale», nous découvrons un cinéma tunisien frais, désengagé mais conscient, burlesque mais pittoresque.
Les youyous retentissent. Les petits gâteaux sont distribués en masse. Et lappétit des grosses bouches bordées dépaisses lignes de rouge à lèvres dépassent toute frontière imaginable. La boulimie règne. Tout est exagéré. Tout se fait à forte dose. La tendance burlesque est clairement affichée. Et ce, dès les premières images de «Linge Sale», présenté en avant-première vendredi 01 octobre au CinémAfricArt
Réalisé par Malik Amara et produit par Propaganda Production, ce court-métrage tunisien est une comédie décapante dune durée de 22 minutes. Il sera probablement en compétition durant les Journées Cinématographiques de Carthage 2010, prévu du 23 au 30 octobre. «Linge sale» présente la vie en couple de Radhi (Jamel Sassi) et sa femme (Wajiha Jendoubi). Elle râle, gueule, braille sans arrêt. Et surtout, dès quelle sadresse à son mari ou quand on lui en parle. Soumis à cette mégère, ce fonctionnaire quinquagénaire se retrouve prisonnier dun quotidien suffocant entre la maltraitance de sa femme et la monotonie et le stress de son travail.
Pas la moindre lueur despoir. Sa femme est inébranlable. Il lui est même arrivé de tomber du deuxième étage de limmeuble. Elle sen est sortie presque indemne. Juste une fracture au poignet! Cest là que Radhi fera tout pour sémanciper de la tyrannie de sa femme. Il alterne les pièges domestiques pour y arriver. Surtout quun ange sexy, en jupe mini et en décolleté plongé, lui a offert un contrat dassurance de vie, valable pour lui et sa mal-aimée.
A travers «Linge Sale», nous découvrons un cinéma tunisien frais, désengagé mais conscient, burlesque mais pittoresque. Au-delà du cafouillage des farces et de lexagération portant référence aux farces slapstick, le film a des allures empruntées au cinéma de Kusturica. La musique de fanfare du début nous renvoie à celle de Goran Bregovic ou au No Smoking Orchestra. Emir Kuturica en a souvent fait la sauce sonore de ses films. Idem pour les couleurs vibrantes et torturées et la multiplication des plans subjectifs et serrés.
Exit «Farda w l9at o5tha»! Les temps ont changé. Et voilà que Malik Amara et consorts le prouvent. La nouvelle génération des cinéastes tunisiens est capable de présenter un cinéma dont le regard est plus universel. Rassasié de références, ce regard peut voyager au début du 20ème siècle sans perdre le goût du jour. Découvrir le burlesque et sinspirer du cinéma muet nexclut pas la possibilité de garder lil rivé sur le présent. Pour un futur où les artistes de laudiovisuel ne continueront pas à mendier le public en sexclamant «Choufli Hal» !
Thameur Mekki
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