Ils sont Tunisiens. Et ils s’imposent sans bulldozer commercial ni rouleau compresseur marketing façon Rotana. La diffusion de la musique via le web n’en est pourtant pas à son coup d’essai en Tunisie. Mais les lyrics sans concession sont inacceptables pour les laudateurs de notre cité idéale.
Ils sont Tunisiens. Et ils simposent sans bulldozer commercial ni rouleau compresseur marketing façon Rotana. La diffusion de la musique via le web nen est pourtant pas à son coup dessai en Tunisie. Mais les lyrics sans concession sont inacceptables pour les laudateurs de notre cité idéale.
Lyrics sans concession
Zemeken et Neshez
La diffusion de la musique via le web nen est pourtant pas à son coup dessai en Tunisie, et serait presque devenue une tradition dans notre pays. Une tradition instaurée depuis une dizaine dannées par des groupes chics et choc comme les Zemeken, et les Neshez.
A une époque où les réseaux sociaux navaient pas encore chamboulé les règles du jeu médiatique et audiovisuel. Leur audience est plutôt confidentielle aujourdhui. Leffet Facebook, et les échos twitter ne sévissaient pas encore et nont donc pas joué leur effet démultiplicateur. Mais ces deux groupes ont le mérite davoir été parmi les pionniers, parmi ceux qui auront défriché les voies du web. Et ils ont su rassembler un public de fans attachés à cette branchitude à la tunisienne.
Les Zemeken ont ainsi concocté une version blues et jazzy de «3ammi ech Chifour» qui hérisserait même le brushing de Fatma Boussaha. Cest dire que ça décoiffe. Les trentenaires auront également apprécié les génériques des dessins-animés de leur enfance à une époque pas si lointaine où les plateformes déchanges vidéo étaient encore historiquement «indisponibles», et pas à cause de Ammar. Les jours du VHS étaient certes comptés, mais le tout numérique navait pas encore tout à fait gagné la partie. Et lhymne «sono Tunisino» de Neshez nen finit pas de retentir depuis le carton de Kahloucha.
Exploser le blackout
Les nouveaux venus sont plus radicaux dans leurs approches sonores. Cest que les temps ont changé. Les difficultés démerger sont devenues plus grandes dans un contexte marqué par la médiocrité de la scène artistico-musicale. Pas déquivalent tunisien pour les «Gnawa Diffusion», de lalgérien Amazigh Kateb. Notre scène est léthargique par rapport au dynamisme musical marocain, et ses Hoba Hoba Spirit. Les quelques essais issus de la scène alternative qui arrivent tant que bien mal à transpercer le mur du silence de la radio et télédiffusion à la tunisienne, sont inodores et incolores. Une platitude qui prémunit ses auteurs contre la mauvaise volonté (ou la prudence) des radios FM de Tunisie. On se contente de remâcher, rabâcher le défunt Ismaël Hattab en version folk pour faire «original». Affligeant. Dici à ce que les playslists du Net et les web radio détrônent la bande FM. Et que le Lemhaf, et autres Rhinocéros du son tunisien explosent le blackout du système.
Lotfi Ben Cheikh