Tunisie : L’Ahly et l’Espérance du Maghreb

A l’aune européenne, notre football reste sain. C’est en Europe que les pires débordements ont eu lieu. Delà à dire que l’UMA du foot est pour demain… Que le meilleur gagne. En espérant que le meilleur revienne à l’Espérance !

A l’aune européenne, notre football reste sain. C’est en Europe que les pires débordements ont eu lieu. Delà à dire que l’UMA du foot est pour demain… Que le meilleur gagne. En espérant que le meilleur revienne à l’Espérance!

Le match Ahly-Espérance se jouera à guichets fermés. Les inconditionnels devront payer un abonnement pour assister au énième épisode du duel Maghreb-Machreq. Les rivalités des deux pôles arabes, le plus souvent passées sous silence, étouffées par les discours fraternels officiels, trouvent en ces événements sportifs de masse l’occasion d’exploser au grand jour. Et à chacun son style. Si nos frères algériens sont plus démonstratifs, les Tunisiens sont adeptes du duel à fleurets mouchetés. Les pics verbaux sont finement ciselés.

Ainsi, à des Egyptiens qui réclament un terrain neutre pour le match choc Espérance – Ahly, un responsable tunisien de l’EST aurait rétorqué : «D’accord !On jouera la partie en Algérie». On imagine le silence assourdissant en guise de réponse du côté du camp égyptien. Une simple allusion, une menace subtilement voilée relèveront les plus perspicaces. Une remarque qui souligne au passage l’écart entre Maghreb et Machreq. Et l’unité sentimentale, culturelle, bref viscérale maghrébine. On aura remarqué que les Marocains, par exemple, n’ont pas hésité à choisir leur camp lors du choc Egypte-Algérie. Malgré les soubresauts des politicards, de part et d’autre de la frontière des Zouj Abghal (ça ne s’invente pas) ! Comme quoi le foot permet aussi de recréer une unité historique mise à mal par les péripéties sahariennes. De là à ce qu’on évoque une UMA du football…

Pourtant, l’intérêt voué au football que certains jugent excessif est considéré comme typiquement tiers-mondiste. Le sport-roi avec son cortège de supporters, de slogans et de violence, serait un opium pour un peuple déjà passablement assoupi. Certes. Mais le monde développé n’est à cet égard pas complètement exempt de reproches. La main de Thierry Henry qui a valu à son équipe la qualification pour la (calamiteuse) coupe du monde a été brocardée au plus haut niveau dans la république hexagonale. Les violences ? Historiquement, les pires débordements ont eu lieu en Europe. Le sinistre drame de 1985 au stade de Heysel en Belgique, est encore dans les mémoires. Et nos Ultras, aussi chauvins soient-ils, n’ont jamais tenu de discours similaire à la logorrhée raciste des meutes du Paris Saint-Germain, sans même parler de l’Italie voisine et de ses fascistes du foot. En Angleterre, on a compté 3 462 arrestations pour des infractions concernant le football pour la seule saison 2005/2006.

L’arrestation (puis la libération) de 11 des défenseurs des couleurs sang-or en terre égyptienne n’est donc qu’un épiphénomène. A l’aune européenne, le football tunisien reste donc sain, et l’ambiance, dans nos stades, est globalement bon enfant, même si les violences ne sont pas toujours absentes. Les enjeux ? Le prestige du foot maghrébin, bien sûr, en plus d’un billet pour la finale de la ligue des champions d’Afrique. Que le meilleur gagne. En espérant tout de même que le meilleur revienne à l’Espérance !

Lotfi Ben Cheikh