Ils sont presque 86 000. Tous fans d’un certain Psyco-M, qui se définit comme un rappeur. Mais il n’accorde que très peu d’attention à la mélodicité et aux structures rythmiques. S’agit-il d’un rappeur ou d’un prêcheur sous le masque d’un rappeur? Focus…
Ils sont presque 86 000. Tous fans d’un certain Psyco-M, qui se définit comme un rappeur. Mais il n’accorde que très peu d’attention à la mélodicité et aux structures rythmiques. S’agit-il d’un rappeur ou d’un prêcheur sous le masque d’un rappeur? Focus.
Et son nouveau morceau intitulé «Ma Réponse», sorti sur Facebook durant la nuit du mardi 21 au mercredi 22 décembre, consolide ce constat. Le piano peut apporter ses notes tantôt rageuses tantôt mélancoliques. Mais pas de changement d’intonation, aucun. Il s’en fout. Les lignes de basse lui donnent l’occasion de libérer la musicalité de son interprétation d’une structure rythmique carrée. Mais il s’en fout. Et visiblement, les quelques 86 000 fans de Psyco-M et de Lotfi Double Kanon s’en moquent également. Mieux : nombreux sont ceux qui ont adopté la photo du sulfureux prêcheur pour illustrer leur propre profil.
Rap pour «daâwa», Rap pour «hidaya»
Et le discours fondamentaliste s’affiche plus clairement dans son message à son alter-ego tunisien. Lotfi Double Kanon l’appelle carrément à «prendre en considération davantage LA cause dans sa daâwa (prêche, jargon religieux traduit en français)». Et donc, là, il s’agit de prêche et pas de rap. Exit le projet musical. Place au projet socioreligieux portant la cagoule du rap !
Bien loin de la tradition hip hop
Et il continue son discours où il n’ya pas de «big up», de «sa7a l5o» ou autres termes du jargon hip hop voire de notre darija pour exprimer son admiration à Psyco-M. Ils sont remplacés par les «machaâ allah» et les daâawat (prières). Psyco-M, Lotfi Double Kanon et consorts instrumentalisent la religion et l’art en faveur de leur daâwa (prêche). Voilà que les idées rétrogrades envahissent le rap, une musique contestataire par sa nature même. Cette musique, qui a germé dans les boites de nuits du Bronx, s’est développé dans les rues de New York et pris forme dans les studios américains, a été à l’origine une manière d’échapper au chômage, à la pauvreté et à la criminalité. Et voilà qu’elle se retrouve instrumentalisée entre les mains d’un prêcheur déguisé en rappeur.
Thameur Mekki