Quid du Libre ? La question est posée par un universitaire, enseignant linformatique. Et sa réponse est développée sur 200 pages dans son dernier bouquin. Et M. Mohamed Said El Ouerghi ne ménage pas lOpen Source à la tunisienne, où «on passe son temps à se mettre des bâtons dans les roues».
«Pourquoi lavez-vous écrit?» Nous avons posé la question à M. Mohamed Said El Ouerghi, lauteur dun nouveau livre intitulé «Quid du Libre ?» qui vient dêtre mis en vente au Centre de publication universitaire. M. El Ouerghi est docteur en informatique et maître-assistant à lEcole Nationale des Sciences de lInformatique à luniversité de la Manouba. Sa réponse a eu le mérite de la clarté :
«Parce que javais rien à faire et que je memmerdais», nous a-t-il répondu avec une touche de sarcasme. «Plus sérieusement, ce livre est plus un recueil de publications disperses concernant lOpen Source en Tunisie que jai écrites. Cétait aussi loccasion pour moi de parler de lenjeu économique du Libre. Après plusieurs années passées dans le logiciel Libre en Tunisie, jai pu également établir un état des lieux sur lOpen Source dans notre pays».
Plus matérialiste, tu meurs
«Ce qui me fait marrer aujourdhui, cest le prosélytisme acharné des membres de la communauté Open Source en Tunisie. Ils veulent enrôler le plus grand nombre de Tunisiens sous la bannière du Libre. Or dans quelques années, il sera uniquement sujet de Cloud computing. Lutilisateur final sen fout si au bout de sa connexion se trouve un serveur qui utilise des logiciels libres ou propriétaires. Le bataille qui oppose les sympathisants du Libre contre ceux des logiciels propriétaires va se limiter uniquement aux techniciens.
Cest vraiment pathétique ce débat entre les soi-disant acteurs du Libre en Tunisie sur comment combattre les méchants des logiciels payants propriétaires. Ils ont en contre partie perdu lun des fondamentaux de lOpen source : le partage. Je me vois assister à des déchirures au sein des clubs où on se bat pour la place du chef. Pire encore, cest la guerre à couteaux tirés pour trouver un emploi dans une multinationale ou arracher un marché pour sa start-up. Maintenant en Tunisie, de nombreuses personnes adhérent à lOpen source rien que pour ça. C’est-à-dire à des fins purement matérialistes».
Le marketing qui fait défaut à lOpen source
M. El Ouerghi a par la suite continué à énumérer le mal qui ronge lOpen Source en Tunisie : «Ce qui nous manque ? Cest le marketing. Les sociétés qui commercialisent des logiciels propriétaires nous inventent parfois des termes «branchés» pour vendre des technologies qui existent depuis plusieurs années. Le Cloud Computing nest pas si nouveau que ça. Les machines virtuelles existent depuis les années 70 et le Cloud a vu le jour avec les connexions réseaux.
C’est-à-dire dans les années 80. Un autre exemple : les CRM quon entend souvent dans la bouche des agents commerciaux des SSII. Or loutil de gestion des clients ne date pas dhier».
Selon les propos de ce docteur en informatique ce qui faut à lOpen Source en Tunisie est un projet fédérateur sur lequel tout le monde va travailler et saider mutuellement. Il cite lexemple dun site internet à intérêt public où les jeunes pourront par exemple filmer leurs profs universitaires durant le cours et publier par la suite la vidéo sur ce site. «On pourra être une force motrice dans le développement du e-learning en Tunisie. Mais au lieu de penser à construire, cette communauté passe son temps à se mettre des bâtons dans les roues et à dilapider le peu dargent quils possèdent dans des conneries».
W.N
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