Larbi Nasra et son fils Mehdi ont été arrêtés pour «Haute trahison» et «complot contre la sécurité de l’Etat». Le correspondant dAl Jazeera en Tunisie rappelle que Nasra était marchand darmes avant de lancer Hannibal TV. Mais laccusé a été libéré, laissant de multiples questions sans réponses.
M. Larbi Nasra, fondateur dHannibal TV, a été libéré, ainsi que son fils, lundi. Dimanche dernier, Le petit écran a noirci durant deux heures chez les addicts de la chaîne populaire. La transmission de cette chaîne télé a été coupée suite à lordre darrestation de son propriétaire, Larbi Nasra et de son fils Mehdi. Le délit? «Haute trahison» et «complot contre la sécurité de l’Etat».
La TAP, agence officielle du gouvernement tunisien, a affirmé que Nasra «s’emploie via cette chaîne à avorter la révolution des jeunes, à propager la zizanie, à inciter à la rébellion et à la diffusion de fausses informations de nature à créer un vide constitutionnel et à déstabiliser le pays en vue de l’entraîner dans une spirale de violence ayant pour objectif de rétablir la dictature de l’ancien président». Cest ce que leur a confié ce quils qualifient de «source autorisée».
Mais la «source autorisée» semble être mal informée par rapport au motif darrestation de Larbi Nasra. La chaîne a en effet repris ses activités après deux heures de coupure de transmission. Et ce, sur un ordre de Mohamed Ghannouchi, premier ministre du contesté Gouvernement transitoire. Cette décision a été appliquée et suivie par une mise au point dAhmed Nejib Chebbi, ministre du développement régional et local. Le secrétaire générale du Parti Démocratique Progressiste (opposition au temps de ZABA) sest déplacé personnellement pour quHannibal TV reprenne sa transmission.
A priori, il semblerait donc que si «haute trahison», il y a, elle na pas pu être commise via son entreprise médiatique. Dautres auront souligné sa parenté par alliance avec la famille de Leila Trabelsi, épouse de ZABA. Et ce nest pas tout, une autre hypothèse a été évoquée, dans les couloirs des canards, radios et télés de la Tunisie. Lotfi Hajji, correspondant dAl Jazeera, dans une intervention sur la télé qatarie déclare que «des sources pensent que cette arrestation est liée à lancienne activité de Larbi Nasra. Il était marchand darmes avant de lancer cette télévision».
Et voici que Larbi Nasra a été libéré, après avoir été nous dit-il, «traité, avec un respect total, par les forces de l’ordre». Les différentes hypothèses émises, les scénarios échafaudés tombent à leau. Le PDG de la chaîne sest même permis, dans une déclaration de souligner les conditions difficiles, notamment au niveau social, dans lesquelles nos forces de police exercent le métier. Il voudrait donc les aider, pourquoi pas dans lune de ses émissions à succès. Une manière de crier victoire, de plastronner. Après une coupure de quelques heures, donc, la chaîne a été rétablie, sans autre explication. A lheure actuelle, nous ne savons même pas qui a été à lorigine de la coupure, et pour quels motifs réels celle-ci a eu lieu. Pis : quune accusation aussi grave que la «haute trahison» ait pu être prononcée dans un contexte dEtat durgence met à nu les faiblesses de nos médias. Une telle accusation est passible de la peine de mort, et voici pourtant Larbi Nasra libéré. Magnanime, lhomme a annoncé quil ne compte pas porter plainte.
Thameur Mekki
Plus : Medias