Les Tunisiens exigent désormais tout de suite et sans délais, le beurre, largent du beurre, et le sourire de la crémière en prime ! Au royaume des aveugles, les néo-activistes facebookiens sont rois ! Décidément, lhéritage de Zaba na pas fini de déclencher la controverse.
Nos internautes fulminent. Ils laissent déverser leur trop plein de bile sur les frasques de la dynastie mafieuse du président déchu. Ils se rebiffent, par le biais de publications, quon classifierait naguère dans le registre du politiquement (très) incorrect contre la cupidité débridée de la caste en cavale. Autant dire que le contenu qui submerge les réseaux sociaux donne du grain à moudre à notre classe sociale «connectée».
Seulement voilà, ZABA a pris la poudre descampette, et seuls quelques avertis se souviendront, non sans brocarder, de lépoque où le dictateur recueillait les louanges sentencieuses (et hypocrites?) des quelque 280 mille groupies sur sa page fan. Les laquais versatiles, eux, sont allés nettoyer, bon pied bon il, les écuries dAugias dans lespoir de se refaire une virginité historique politico-cybernétique. Et voici que la vox populi du Net, martèle dores et déjà un concert de voix désaccordé, asynchrone, pas (tellement) en chur vous dis-je. De là à se demander si la douche écossaise a subitement changé de nationalité!
Le Roi est mort, vive le Roi?
Sur Facebook, les réactions de notre communauté virtuelle sont sans équivoque. Le départ de ZABA ne pouvant que réjouir les fervents de la liberté dexpression, et les ex-fustigés de larchaïque erreur 404. Mais cest surtout lorsquil sagit du potentiel successeur à la présidence que les avis de nos internautes commencent à prendre un air mitigé. Chat échaudé craint (sérieusement) leau froide donc. Et à voir le raz-de-marée des candidats en lice pour les prochaines échéances électorales, il est clair que pour gagner la sympathie de la foule, leur opération-séduction ne sera pas de tout repos. Cest que nos cyber-citoyens ont déserté, certes, le troupeau des brebis galeuses brutalisés par une horde de médiocrates indélicats.
Or, ce nest quau royaume des aveugles que les borgnes sont rois, selon le dicton. Et Dieu sait que les Tunisiens nen font plus partie. Sauf quà trop verser dans la paranoïa aveuglante, on nen finira plus avec le désormais grésillant leitmotiv «Dégage!» ainsi que les slogans creux scandés à tout bout de champ. Ainsi pouvait-on lire sur les murs de facebook des commentaires hors de propos de lacabit de celui-ci : «Je nélirai pour rien au monde M. Moncef Marzouki avant quil naille changer sa paire de lunettes». Frivole, dites-vous? Ou sagit-il plutôt dexiger le beurre, largent du beurre, et le sourire de la crémière en prime? Allez le demander aux néo-activistes facebookiens
Facebook, du melting-pot au think tank
Au départ, les internautes tunisiens utilisaient essentiellement les réseaux sociaux pour échanger, partager des publications et draguer (parfois aussi) des demoiselles en mal daffection. Ironie du sort, voici que le site de Mark Zuckerberg a pris, ces dernières semaines, des allures de think tank. Et jamais facebook na été aussi politisé. Ainsi, vidéos, articles, photos et statuts engagés squattent les murs qui étaient ternes à mourir. Même si certains internautes continuent à émettre des jugements au pifomètre sur lactu massivement partagée sur les innombrables pages créées pour loccasion. Des commentaires qui peuvent faire boule de neige, certes, par leffet amplificateur de quelques impulsifs à fleur de peau, et finir par déborder en dehors de lespace virtuel. Sans raison-garder, ni vérifications préalables de la véracité des infos publiées. Attention donc à la marche!
Mohamed Jebri
Plus : Net