Origines germaniques du «dégage» tunisien

 

Dégage! : de la Tunisie à l’Egypte en passant par la France et l’Italie, cette injonction ” s’est imposée avec la force d’un tsunami libertaire.

 

“C’est le mot qui court de révolte en révolte!”, lançait Marianne dans son dernier numéro. “Dégage Ben Ali! ” : la Tunisie a ouvert la voie du dégage » qui a renversé Zaba le 14 janvier. L’Egypte a suivi avec un slogan identique en arabe adressé au président Hosni Moubarak.

 

En France, c’est la démission de la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui est désormais ainsi réclamée: “Dégage MAM !”.

 

Plus fleuri, le “Dimettiti Buffone!” (démissionne bouffon !) choisi le 3 février par des manifestants italiens à Bologne lassés des frasques du président du conseil Silvio Berlusconi avec la gent féminine.

 

L’origine du mot est pourtant germanique, dit Alain Rey: “wad” (caution, gage) date du Moyen Age.

 

“Dégage” renvoie à “de l’argent donné en échange de quelque chose, qu’on ne peut dépenser à sa guise. Si on le dé-gage, il devient libre. On dégage d’abord des choses, puis, par métaphore, on libère quelqu’un d’un engagement”, explique Alain Rey.

 

“L’expression devient familière, voire grossière, dans la première partie du XXe siècle : on dégage pour sortir d’une situation dans laquelle on est coincé ou pour s’en prendre à quelqu’un qui ne veut pas partir”, poursuit-il.

 

“L’effet produit reste, mais le contexte est totalement retourné. Politique et familiarité se sont rejointes une fois de plus”, dit Alain Rey, constatant un glissement répandu “de la communication familière réservée à la sphère privée dans la sphère publique”.

 

Mais, ajoute-t-il, “Dégage! c’est familier, mais ce n’est pas méchant».

 

Avec Afp

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