Nos trois opérateurs télécoms ne sont pas épargnés par la vague des bouleversements politiques et économiques qui déferle sur la Tunisie. Services paralysés pour certains, incertitudes pour d’autres… même les clients le ressentent. Qui règlera l’ardoise laissée par les Zaba and Co ?
La Révolution Tunisienne a eu aussi un effet détonnant dans le paysage économique national. La vague n’a épargné aucun secteur d’activité. Et le secteur des télécommunications et ses trois opérateurs téléphoniques, sont violemment secoués par les événements.
Tunisiana et Orange sont victimes d’actionnaires proches de Ben Ali. Sakher El Materi pour le premier, Marouen Mabrouk, pour le deuxième. Les abonnés de ses deux opérateurs privés s’alarment quant à la qualité de service qui risque de se détériorer. Tunisie Telecom quant à elle, est plutôt victime d’une «mauvaise gestion» causée par les dérives financières pour le compte de la famille du président déchu. A coup de sit-in et de grèves successives, l’agressivité des revendications salariales du syndicat PTT a fait grincer des dents quelques clients de l’opérateur historique.
C’est d’ailleurs cet élément qui a constitué le point central utilisé par le syndicat comme moyen de pression pour faire fléchir la direction de TT. Les premiers services qui ont été paralysés : la hotline et les agences commerciales.
Certains centres d’appels ont en effet clamé qu’ils ont été victimes de pannes répétitives et de coupures totales de certains services. De tels incidents peuvent passer inaperçus dans certains cas. Mais lorsque la cible est un secteur fondé sur la téléphonie, ils mettent en péril la survie de ces entreprises et menacent parallèlement l’emploi de milliers de jeunes tunisiens. Quant aux particuliers, certains étaient dans l’impossibilité de payer leurs factures à cause des grèves. Par conséquent, ils se sont retrouvés privés de leurs lignes téléphoniques et de leurs abonnements.
Tunisiana, dont 25 % de son capital ont été rachetés par le gendre du président déchu Sakhr El Materi, était la moins vulnérable face aux événements en cours en Tunisie. Les revendications du personnel de Tunisiana ne se sont pas transformées ni en grèves, ni en sit-in… deux réunions ont suffi pour trouver un terrain d’entente entre les deux parties…
Orange Tunisie, quant à elle, est détenue à 51% par le gendre de Ben Ali. Or le gouvernement tunisien a annoncé sa décision de saisir les biens mobiliers, immobiliers et les avoirs des anciens collaborateurs et membres de la famille du président déchu. Et le nom de Marouen Mabrouk figure dans la liste. Ce qui laisse le doute planer sur l’avenir de la société. Cette situation d’incertitude par rapport au sort de l’entreprise a créé «une ambiance de travail tendue», selon certains employés d’Orange Tunisie. Et l’incertitude pourrait impacter négativement le rendement de son personnel. En effet, un climat de travail marqué par la frustration et la perplexité favorise l’indécision, rend les jugements biaisés et entrave la bonne marche de l’entreprise.
Le problème ? C’est que nos trois opérateurs des télécoms agissent comme des catalyseurs de notre économie. Personne ne peut se passer de leurs services, et ils représentent à cet égard un enjeu stratégique. Ce n’est pas pour rien que la famille présidentielle a tenu à avancer ses pions dans le secteur. Or l’ardoise laissée par les Ben Ali and Co n’est pas encore réglée.
Hamza Bouallegue
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