Tunisie : Meurtre, torture et Cie

 

Le musée des horreurs de l’ancien régime de Zaba est ouvert. Une liste noire, relatant la répression, la torture, et même les meurtres parfois méconnus de la part du public.  Aujourd’hui,  des documents accablants, des témoignages, viennent d’êtres dévoilés, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Le RCD, le sinistre appareil de Zaba a été dissout. Certes, ses milices policières et médiatiques n’ont pas été complètement démantelées. Mais la Tunisie semble en bonne voie de se débarrasser définitivement des déchets de l’ancien régime. A peine un jour après la suppression officielle de la police politique et de l’appareil de sécurité d’Etat Tunisien par le nouveau gouvernement transitoire, les langues semblent peu à peu se délier. C’est que l’ancien régime de Zaba traine une longue liste de forfaits accablants liés à des actes de torture, voire même de meurtre.  Souvent méconnus par le grand public (en partie à cause d’Ammar 404), ces actes sont en train d’êtres dévoilés au grand jour par des victimes hantées jusqu’à présent par leurs souffrances, et par les images de sévices inhumains infligés par leurs bourreaux !

torturetunEt les réseaux sociaux particulièrement influents en Tunisie, ne sauraient rester indifférents. On retrouve d’ailleurs sur Facebook, des documents accablants parmi les quels figurent cet album photo édifiant contenant le croquis des positions que les tortionnaires imposaient de force à leurs victimes… Pis : Il existe même une liste entière de noms de certains tortionnaires tunisiens avec en prime, leur fonction et même l’année de leur entrée en fonction. Plusieurs de leurs anciennes victimes osent  témoigner  aujourd’hui, à visage découvert. C’est le cas de Khaled Layouni, 34 ans, un ex-prisonnier politique qui, dans un article publié par l’AFP, dénonce les tortures qu’il a subies durant l’ère de l’ancien dictateur. Accusé d’appartenir à un groupe terroriste, il  a été arrêté  aux Emirats Arabes Unis, après être entré dans des sites traitant de religion. “Dès mon arrestation, début 2005, raconte le Tunisien Khaled Layouni, 34 ans, j’ai subi toutes les formes de torture dans les caves du ministère de l’Intérieur et dans les 17 prisons où ils m’ont transféré” explique t’il avant d’ajouter au même média: “Une de ces tortures consistait à nous mettre en position du poulet rôti, le corps attaché et maintenu recroquevillé pendant des heures”.

Et les cyber-résistants de la première heure, tel Zouhair Yahyaoui, alias Ettounsi, ne aurait être oubliés. Il est décédé le 13 mars 2005, suite à une attaque cardiaque, après avoir été emprisonné et torturé entre juin 2002 et décembre 2003. Les mois de torture et d’humiliation  dans les geôles tunisiennes lui ont été fatals. Zouheir Yahiaoui est l’un des symboles du militantisme en ligne, qui ont fait la gloire de la Tunisie résistante, même dans les heures les plus sombres de Zaba. Ce sont ses critiques envers le régime sur son site web Tunezine qui lui ont valu son arrestation en 2001. A l’époque, le cyber journaliste avait même entrepris une grève de la faim afin de dénoncer l’illégalité de sa détention.

Radhia Nasraoui, avocate tunisienne,  ancienne opposante et farouche militante des droits de l’homme, a combattu durant des décennies contre la torture en Tunisie. L’Association de Lutte contre la Torture en Tunisie (ALTT) pour laquelle l’avocate tunisienne œuvre,  peut aujourd’hui crier victoire. Une association qui s’est fixée pour mission « d’identifier les cas de torture, d’assurer leur suivi et de mener des enquêtes à leur sujet ». Elle s’est ainsi employé à aider les victimes de la torture à intenter une action en justice aux niveaux national et international, et à bénéficier d’une assistance physique et psychique. Et puisqu’Ammar 404 n’est plus là pour effacer les traces des crimes de ses patrons, les nombreux rapports élaborés par l’ALTT sur la torture sous le régime de Ben Ali, peuvent être consultés librement sur le web à cette adresse. Reste à espérer que ces pratiques, après la chute des symboles de la répression que constituent le RCD et sa police politique, soient désormais cantonnées au musée des horreurs.

Samy Ben Naceur

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