Radouane Kheireddine est un Tunisien vivant au Japon. Il vient juste de décrocher un boulot. Sa première journée de travail devait démarrer aujourd’hui. Seulement voilà. Le Japon connaît désormais l’une des plus graves crises de son histoire, conséquences du tsunami et du tremblement de terre. Interview.
Radouane Kheireddine est un Tunisien vivant au Japon. Il vient juste de décrocher un boulot. Sa première journée de travail devait démarrer aujourd’hui. Seulement voilà. Le Japon connaît désormais l’une des plus graves crises de son histoire, conséquences du tsunami et du tremblement de terre. Interview.
Il n’a pas encore trente ans et maitrise déjà parfaitement la langue japonaise. Il s’agit de Radouane Kheireddine, un Tunisien vivant au Japon depuis près de trois ans. Titulaire d’un BTS de mécanique, il a décidé un beau jour de tout plaquer pour partir à la conquête du pays du soleil levant, auquel il voue un culte depuis son plus jeune âge. Malgré la situation de crise extrême que vit actuellement le Japon, nous avons décidé de contacter Radouane qui en a profité pour revenir sur son parcours atypique et de nous parler du projet d’un site web tuniso-nippon qu’il est en train de concrétiser. Entretien.
Radouane Khereddine : Au tout début, je dois avouer que c’était plus une passion qu’autre chose ! A l’époque quand je vivais encore en Tunisie, je dévorais énormément de mangas japonais sous-titrés en langue française. En écoutant les différentes répliques, j’ai trouvé que cette langue sonnait super bien ! A ce moment là, je me suis dit qu’il fallait absolument que je commence à prendre des cours pour satisfaire en plus ma curiosité! Après m’être renseigné, j’ai découvert qu’on en dispensait à Bourguiba School, à raison de deux cours par semaine ! Je n’ai pas hésité une seconde !
T : Et comment cela a évolué ?
R.K : J’étais premier de la classe ! Durant deux années de cours, je n’ai cessé de m’améliorer au point de vouloir continuer cette aventure là-bas ! Après avoir atterri au Japon, je me suis donc perfectionné sur place pendant près 1 an et demi puis je me suis inscrit à la faculté. Je suis en ce moment en train de terminer un cursus universitaire en informatique, plus précisément, en vue de décrocher un diplôme de webmaster.
T : Parle-nous un peu de la procédure d’intégration qu’un étudiant tunisien aurait à passer en vue d’étudier au Japon?
R.K : Et bien contrairement à ce que tout le monde pense, ce n’est pas du tout difficile : la procédure prend en tout et pour tout 3 mois. Il suffit juste de payer les frais d’inscription à l’université et de passer un test d’entrée qui généralement, est à la portée de tous ! Inutile de préciser qu’il y’a un choix considérable en terme de branches d’études. D’ailleurs, je suis en ce moment même en train d’aider des étudiants tunisiens à obtenir leurs papiers d’inscription. C’est la moindre des choses, vu que je suis sur le terrain et donc en contact direct avec les responsables des établissements.
T : Quelle est la vocation du site web Tunisianinjapan.com, que tu viens de créer ? Est-ce un nouveau business model ?
R.K : Non, pas du tout, j’ai crée Tunisianainjapan uniquement pour aider les tunisiens. On y trouve des rubriques intéressantes comme des livres de cours en téléchargement gratuit, un forum où l’on peut poser diverses questions et même des vidéos streaming de chaine tv locales. La partie Otakuchat par exemple permet de dialoguer avec des japonais souhaitant apprendre le français ou l’arabe. Cette technique permet aux deux interlocuteurs d’apprendre mutuellement un langage différent ! Un échange culturel en quelque sorte !
T : Tu viens de décrocher ton premier emploi parait-il ?
R.K : Oui, je reviens à peine d’un entretien et je devais commencer mon nouveau job après demain (NDLR : jeudi)! Il faut dire qu’au tout début, en ma qualité d’étudiant, j’ai galéré en effectuant plusieurs petits boulots. Espérons que j’arrive parfaitement à m’intégrer malgré la situation catastrophique actuelle.
T : Justement, comment gères-tu cette situation ? Envisagerais-tu de plier bagage au cas où le risque de contamination nucléaire s’intensifie ?
R.K : A part moi et quatre autres amis, tous les étudiants tunisiens ont déjà quitté le pays. Par mesure de sécurité, j’ai décidé également de rentrer en Tunisie ! Je suis entrain de chercher en ce moment même un billet non sans un léger pincement au cœur malheureusement! En tout cas, je souhaite bonne chance au peuple japonais, connu pour son courage et sa dignité face aux catastrophes de ce genre !
Propos recueillis par Samy Ben Naceur