C’est un rappeur, auteur et slammeur musulman. Abd Al Malik est encensé par la critique. Mais certains observateurs le trouvent très consensuel. Lors d’une rencontre au Salon du Livre de Paris, Abd Al Malik a présenté son dernier roman «La guerre des banlieues n’aura pas lieu». De notre envoyé spécial à Paris, Thameur Mekki.
C’est un rappeur, auteur et slammeur musulman. Abd Al Malik est encensé par la critique. Mais certains observateurs le trouvent très consensuel. Lors d’une rencontre au Salon du Livre de Paris, Abd Al Malik a présenté son dernier roman «La guerre des banlieues n’aura pas lieu». De notre envoyé spécial à Paris, Thameur Mekki.
Consensuel prôneur de tolérance
L’intitulé du livre «La guerre des banlieues n’aura pas lieu» est aussi une réplique répétée sans cesse par le protagoniste de ce récit. Peggy vit une détresse existentielle permanente jusqu’à ce qu’il découvre l’islam. Cette révélation est pour lui une renaissance. Désormais, il s’appellera Suleyman, et il portera un nouveau regard sur la banlieue. Peggy prônera la paix et la tolérance. Abd Al Malik parle de la réflexion motrice de son récit : «Il faut que nous cherchions à aller vers notre semblable. Il faut prendre conscience que notre semblable n’est pas un sondage, ni un chiffre ou un produit».
«Trop consensuelle». C’est par ces termes que certains critiques et observateurs ont qualifié l’œuvre d’Abd Al Malik. Et ce n’est pas récent. Le journaliste Jacques Denis l’a déjà relevé dans un article publié dans «Le Monde diplomatique» en septembre 2008 et intitulé «Rap domestiqué, rap révolté». Il écrit : «l’extrême prévisibilité du verbe d’Abd Al Malik ne saurait faire taire l’orage qui menace au-delà du périphérique» et «il ne constitue en fait que la face audible de minorités devenues visibles par une belle opération de communication». Abd Al Malik reconnait son côté consensuel. Il répond à l’une des questions posées par l’auditoire lors de la rencontre : «Oui, je suis consensuel. Et alors?». Il explique : «Nous avons tendance à dire que c’est la faute de l’Etat ou des keufs. Mais que faire de mon côté pour évoluer? Je pense que c’est la question qu’on doit se poser». C’est ainsi que le rappeur et auteur a appuyé sa vision.
Le verbe avant la musique !
Rimeur d’élite, chasseur de prix
En 2004, Abd Al Malik a sorti son premier opus «Le face à face des cœurs» et son premier roman «Qu’ Allah bénisse la France» récompensé en Belgique par le Prix Laurence Trân en 2005. «Gibraltar» sorti en 2005 a été le tremplin de sa carrière musicale. L’album a été caractérisé par ses compos en en musique acoustique très jazzy. Et par conséquent, l’abandon du sampling et autres techniques de Djing et de musique électronique essentielles en matière de musique rap. Le côté puritain du jazz, rentre-t-il dans sa recherche permanente de réconciliation avec soi comme tout Musulman imprégné par le soufisme? «Je dirais plutôt que c’est un cheminement. On doit passer par son enfer pour arriver au paradis» nous répond-t-il. Avec cet album, Abd Al Malik a raflé une série de récompense. Il a reçu le Prix Constantin, le Prix de l’Académie Charles-Cros, le Trophée hip-hop Europe 2 du meilleur slammeur, la Victoire de la musique 2007, catégorie «Musiques urbaines», le Prix Raoul Breton décerné par la Sacem ainsi que le Trophée du meilleur album aux Césaires de la musique. Il a également été décoré Chevalier des Arts et des Lettres par la Ministre de la Culture Christine Albanel et il a été titré «Artiste interprète masculin de l’année» lors des Victoire de la musique en 2008.