Hédi Semlali et Salah Khemissi ont leurs successeurs. Ils surfent aisément entre les genres musicaux. Ils bronzent dans une planète lointaine où le temps s’est arrêté en 1992. Britney Spears et Fatma Boussaha les inspirent autant que Sting. Propulsés via le Net au début des années 2000, ils sont de retour!
Ne cherchez pas à comprendre! C’est du Zemeken, l’ovni musical de la scène alternative tunisienne. Entre nostalgie aux dessins animés du début des années 90, reprises satiriques des ballades pop et caricatures hautes en couleurs, la popularité du combo a flambé depuis 2003, année de sortie des premiers morceaux de Zemeken en téléchargement libre. Le groupe dont certains membres sont résidents en France, a donné son premier concert en Tunisie, jeudi 28 avril, au théâtre d’El Hamra dans le quartier populaire de Bab Dzira.
La salle est comble. A 19h30, les quatre membres de Zemeken montent sur scène accompagnés de deux musiciens en guests : Radhouane Ben Béchir à la basse, au djembé et au banjo et Kerim à la guitare. Guitare en main, Jamloun s’assoie sur son cajon et installe son laptop. Damdoum et Melski joue leurs premiers accords de guitare. Et les premières notes du piano de Chouchou annoncent le décollage de ce trip vers la planète Zemeken. «Nheb, Nheb!» est le premier morceau d’un concert se tenant devant un public qui a l’air d’être conquis d’avance. Ensuite, le groupe a fait une ode à un personnage clé dans leur planète : Lebib, cette mascotte écolo ayant marqué toute une génération.
Portant des perruques afros, Jamloun, Damdoum et Melski se mettent à mal danser le boogie woogie au devant de la scène. Et le piano joue un air nous rappelant «Stop this World», la fameuse ballade jazz de Diana Krall. Mais il ne s’agit pas d’un hommage à l’artiste américaine. L’honneur est plutôt rendu à l’icône de la chanson folklorique tunisienne, Fatma Bousseha dans une version jazz de son cultissime «Amm Echifour». Dans ce remake, le public a même eu droit à une fusion entre ce morceau et «Salha», une des chansons du patrimoine bédouin tunisien.
«Après cet hommage à la diva tunisienne Fatma Boussaha, nous allons rendre hommage à une autre artiste qui lui ressemble peu, même si elles ont la même couleur des cheveux. C’est Britney Spears qui est à l’honneur avec ce morceau» clame Jamloun. Et le groupe se met à jouer une version tunisienne du tube ultra commercial «Baby One More Time». C’est «3zizty, 3zizty», morceau inédit de Zemeken qui figurera sur leur premier album intitulé «Shakmoonistan». Les morceaux s’alternent dans une ambiance festive. Et «Midoun Rhapsody» vient intensifier le délire dans cet univers décalé créé par Zemeken avant de passer à un remake de «Hit the road jack», morceau phare du grand Ray Charles. Sauf que Zemeken ne chasse pas Jack. C’est plutôt à Ammar de se casser dans «Ched Thneya ya Ammar».
Après avoir interprété ce morceau, Jamloun, Damdoum, Melski et Radhouan ont abandonné leurs instruments et se sont agrippés à leur ukulélés pour jouer «Jeni Hbibi». Et les genres musicaux se diversifient d’un morceau à un autre. «Hlib El Ghoula» baigne dans un registre reggae-ska. «3amel Ennadhafa» surfe sur les notes orientales de l’oud de Jamloun. Quant à «Bagrallah fi Zaraalllah», elle est plutôt dans un Doo-wop proche de l’univers sonore de Amy Winehouse et de KT Tunstall. Et Zemeken continue son trip avec un remake de «Life is Life» prenant pour cible la mère d’un certain Michel et Ommi Sissi.
C’est à la cool que Zemeken a clôturé son concert avec une reprise de «Message in a Bottle» de Sting rebaptisé «Jwebi fi Dabbouza» avant de jouer leur dernière ballade : simple adaptation du classique folk américain, «Where did you sleep last night?».
Thameur Mekki
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