Après 23 années de censure numérique et médiatique de la part d’un régime totalitaire, le premier parti pirate tunisien revendique l’existence d’un internet libre pour tous. Mais ses militants sauront-ils montrer assez de ferveur pour hisser un candidat aux éventuelles présidentielles ?
Le parti pirate serait-il en passe de devenir le 64ème parti politique tunisien ? C’est en tout cas ce que laisse présupposer ce récépissé dont le fac-similé a été diffusé sur les réseaux sociaux, le 9 mai 2011. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les revendications et le programme de ce parti tranchent radicalement avec ceux des autres mouvements politiques.
Encore des doutes ? Parmi les recommandations du parti pirate tunisien, on peut d’ores et déjà citer les articles suivants qui marquent un tournant avec les pratiques actuelles: «article 0 : Le droit à une connexion internet pour chaque citoyen […] Tous les internautes son égaux aux yeux de la loi ; article 2 : Il est inconcevable d’interdire l’accès à internet à n’importe quel individu ; hormis toute une série de mesures qui vont dans le sens de la vie privée de l’internaute tunisien. Autrement dit, toutes les institutions (qu’elles soient étatiques ou privées) n’auront pas le droit d’user d’informations à caractères personnelles à l’encontre d’une tierce personne (article 4). Il en va de même pour l’article 5 qui donne la possibilité à chaque internaute de jouir d’une confidentialité absolue en ayant le droit d’avoir recours à des pseudonymes de son choix…
Signe d’une maturité atteinte par une jeunesse et d’une envie de s’exprimer après 23 années de censure numérique et médiatique de la part d’un régime totalitaire, le parti pirate tunisien revendique, pour ainsi dire, l’existence d’un internet libre pour tous, et qui plus est, sans aucune ambigüité ! Il s’agit donc, en l’occurrence, d’une vraie idéologie de combat face au monopole des multinationales et de leurs vassaux sur le web.
Le premier Parti Pirate (PP) au monde, fondé en Suède, en 2006, a ainsi pour principaux objectifs, «de réformer les droits de la propriété intellectuelle, comme le copyright, les brevets et la protection des œuvres» (source Wikipedia). Ce programme veille également au respect des droits fondamentaux relatifs à la vie privée sur le web. Et le part pirate tunisien s’inscrit donc dans le cadre d’une internationale solidaire, défendant des principes qui transcendent les frontières. On évoquait déjà, dans une précédente analyse, (lire l’article Tunisie : Les pirates sont bien partis) les perspectives de la flibusterie, hissée par quelques pionniers, qui voulaient en faire bien plus qu’une une simple opération de réappropriation des biens culturels et intellectuels.
La bataille de longue haleine menée par les blogueurs et tous les cyber-militants du groupe (dont Slah Eddine Kchouk, fondateur du parti) va-telle finir par enfin porter ses fruits ? Le parti saura-t-il rassembler des troupes en ordre dispersé ? Un récent post émis sur le compte Twitter officiel du groupe affirme que cela ne se fera pas sans conditions. «Si Slim Amamou veut réintégrer le Parti Pirate Tunisien, il se doit de démissionner immédiatement du gouvernement illégitime de Béji Caid Essebsi». Le message est on ne peut plus clair.
Quoi qu’il en soit, le parti a déjà lancé un appel général à tous les sympathisants tunisiens afin qu’ils se rallient à sa cause. Pour y a adhérer gratuitement, il suffit de contacter cette adresse mail : pirate@partipirate-tunisie.org. Ses militants sauront-ils montrer assez de ferveur pour hisser un candidat aux éventuelles présidentielles ? C’est en tout cas tout le mal que l’on souhaite à tous les partisans et aux résistants du web tunisien.
S.B.N
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