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Tunisie : Willis le chat, ou les griffes de la Révolution

Caustique, iconoclaste, Nadia Khiari sort ses griffes. Son personnage “Willis From Tunis” réagit toujours à chaud pour malmener le consensus mou. Le chat a lancé son premier miaulement le jour du retentissant et calamiteux «fhemtkom». Mais Willis trouve encore matière à inspiration. N’en déplaise aux « jirdhens»!

 

Caustique, iconoclaste, Nadia Khiari sort ses griffes. Son personnage “Willis From Tunis” réagit toujours à chaud pour malmener le consensus mou. Le chat a lancé son premier miaulement le jour du retentissant et calamiteux «fhemtkom». Mais Willis trouve encore matière à inspiration. N’en déplaise aux « jirdhens»!

Bien que son prénom aux consonances allogènes puisse porter à confusion, le patronyme « From Tunis » qu’il arbore, affiche bien les couleurs du petit félin. Il est caustique, iconoclaste et il n’est pas prêt à renter les griffes pour autant. Willis From Tunis est l’une de ces « petites bêtes » qu’a enfantées la Révolution du 14 janvier. Et depuis le tonitruant « Fhemtkom » de zaba, le matou tire à boulets rouges sur tous ceux qui n’ont justement pas encore compris que les Tunisiens se sont révoltés pour la dignité. Les caricatures publiées à un rythme quotidien sur la page Facebook du chaton font mouche. N’en déplaise aux « jirdhens ». Après tout, Nadia Khiari, l’instigatrice du concept le sait pertinemment «Quand le chat n’est pas là, les souris dansent». Interview.

Tekiano : Quand est ce que l’idée de donner naissance à Willis a-t-elle germé ?

Nadia Khiari : J’ai toujours fait de la bande dessinée mais n’ai jamais eu la possibilité de publier mon travail. Willis From Tunis a émergé pendant le discours je vous ai compris» du président déchu. Ce sont mes proches qui m’ont poussée à publier les dessins sur un profil Facebook afin qu’ils puissent les lire, à distance, durant ces longues nuits de couvre feu.

Quelles en étaient les motivations ?

Ma seule motivation, au fond, était de faire sourire mon entourage pour les déstresser. J’avais également besoin d’évacuer mes angoisses dans cet exutoire qui me permettait de prendre du recul par rapport à la situation à ce moment-là. Le fait que des centaines de personnes sur Facebook, au jour le jour, s’ajoutaient sur le profil et m’envoyaient des mails d’encouragements, m’a donné envie de continuer.

Y-a-t’il un blog ou un projet de blog qui sera dédié à Willis pour le vulgariser à plus grande échelle?

Je prépare un site internet qui va regrouper toutes les caricatures que j’ai produites durant et après la Révolution. J’y travaille activement. Il sera incessamment mis en ligne.

Ne craignez vous pas que l’emploi de l’argot et d’un vocabulaire à connotations obscènes suscite des remous chez les fans?

Il est vrai que certains dessins ont provoqués pas mal de réactions vu l’humour grinçant et la provocation. Les commentaires accompagnant les dessins en sont la preuve. Mais je considère que c’est normal. J’en ai marre de la pensée unique et du consensus. C’est très bien qu’il y ait des avis différents. L’essentiel étant de comprendre que c’est de l’humour et que je ne m’érige pas en donneuse de leçons.

Willis post-révolution, en quoi est-il différent de la première mouture?

Il est clair que Willis évolue au gré des nouvelles du pays. La seule constante est que je réagis à chaud par rapport à l’actualité. Evidemment, au jour d’aujourd’hui, les évènements sont moins palpitants mais l’actu est riche. Je pense que ça ne va pas s’arrêter dans les semaines à venir et qu’il y aura toujours de la matière à ruminer.

Qu’en est-il du livre que vous avez récemment publié ?

Le livre « Willis from Tunis : chroniques de la révolution » est pour le moment vendu dans toutes les librairies (Clairefontaine, « Mille feuilles » à la Marsa, L’annexe, Artyshow, Arts Libris à Salambo, Farenheit 451 à Carthage etc.). C’est un recueil de tous les dessins parus du 13 janvier au 1er mars 2011 avec beaucoup d’inédits. Il est vendu à 12DT. J’ai fait plusieurs séances de dédicaces dans diverses librairies qui m’ont permis de découvrir les personnes qui m’ont suivie sur Facebook et c’est à chaque fois un fort moment de délectation de partager nos impressions lors de ces signatures.

 

 

Propos recueillis par Mohamed Jebri

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