Basé à San Diego en Californie depuis 2007, Raw Poetix Records a lancé ses activités en Tunisie avec Balti en 2008. Weld El 15, Wistar et Mr Mustapaha, trois autres rappeurs tunisiens, ont signé avec le même label en 2010. Le trio vient de lancer un nouveau clip intitulé «Ched Blastek» sur le Net. Serait-ce le putsch du rap tunisien?
Fondé par le Pakistano-américain Bijan Ewalt et le Tunisien Aymen «Big Mo» Laamari, Raw Poetix Records a attiré des rappeurs américains à l’instar de Pace Won, Mr Green ou encore le groupe Rock Bottom. Amine Laamari, représentant de Raw Poetix en Tunisie, nous parle des choix artistiques, des options stratégiques et des ambitions du label en Tunisie. Interview
Tekiano : Pourquoi misez-vous sur Weld El 15? Qu’est ce qui a déclenché votre intérêt envers lui?
Amine Laamari : Il a du talent. Il a un flow très élaboré. Ses textes sont vraiment engagés (sic!). Weld El 15 n’a que 23 ans ce qui en fait un rappeur synonyme de l’avenir du rap tunisien. Nous sommes dans la même optique. Notre objectif : introduire le rap tunisien dans le marché européen.
Pourquoi misez-vous sur Wistar? Qu’est ce qui a déclenché votre intérêt envers lui?
C’est un peu la même chose. Wistar n’a que 21 ans. Il cartonne dans l’improvisation. Ces deux jeunes rappeurs sont des bêtes de scène. Ils sont solidaires contrairement aux autres rappeurs tunisiens. Nous voulons changer leurs vies, révéler leurs talents. En bref, c’est la nouvelle génération.
Vous continuez la collaboration avec Mr Mustapha. Pourtant, son premier album “The Lord” sorti en 2010 n’a pas eu le même succès que le premier album de Balti?
Mr Mustapha, c’est l’ancienne école. Il s’agit de l’un des pionniers du rap tunisien. Il maitrise plusieurs couleurs artistiques. Malgré la non-réussite de son premier album, nous continuons à croire en lui, à bosser. Nous pensons que seule la persévérance peut faire le succès d’un rappeur. S’il aura sa chance dans les spectacles de cette saison, je pense que ce rappeur va cartonner. Il suffit qu’il saisisse la bonne opportunité. En plus, nous sommes liés à Mustapaha pour un contrat de trois albums. Et donc, nous continuons à travailler pour le meilleur et pour le pire.
Quels sont les avantages et les inconvénients que vous avez tiré de votre expérience avec Balti?
Nous avons acquis beaucoup expérience avec Balti surtout dans le milieu événementiel. Désormais, nous avons un bon carnet d’adresse. Avec de tels acquis, nous pouvons garantir le succès de n’importe quel rappeur. Avec Balti, l’inconvénient est son changement d’attitude après la montée de sa cote. Le soucis actuel s’articule autour de la gestion de nos rapports avec lui, comment maintenir une bonne relation entre l’artiste et la prod afin d’éviter de rentrer dans un conflit d’intérêts.
Qu’est ce qui a provoqué l’intérêt de Raw Poetix envers la scène rap tunisienne?
La musique n’a pas de frontières. Elle n’a pas non plus de couleur ou de drapeau. Nous faisons les choses avec beaucoup de cœur du moment où on y croit. L’art passe avant tout pour nous. Et donc, nous avons pensé à exporter notre expérience à notre pays et en faire bénéficier les jeunes tunisiens.
Vous éditez vos albums en Tunisie en partenariat avec Phonie. Ne pensez-vous pas que c’est contraignant de travailler avec un distributeur violant incessamment les droits d’auteurs des artistes internationaux?
C’est le problème de Phonie. Nous n’avons pas le choix vu que c’est le seul distributeur qui peut nous aider dans le marché tunisien. Phonie est l’unique distributeur présent dans les grandes surfaces. Nous cherchons à préserver notre image de marque. Nous avons notre immunité et nous avons un contrat spécifique pour nos artistes.
Propos recueillis par Thameur Mekki
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