La justice tunisienne a ouvert une enquête sur la mort suspecte il y a 22 ans d’un ingénieur qui avait découvert un secret d’Etat dans le système informatique du palais présidentiel, selon sa famille, persuadée d’un assassinat, a indiqué mercredi à l’AFP une source judiciaire.
Selon ses proches, Marouane Ben Zeyneb avait pénétré le système informatique du palais présidentiel de Ben Ali et y avait trouvé une liste des agents des services secrets israéliens, accrédités à Tunis pour surveiller des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
L’enquête a été ouverte depuis deux semaines par le juge d’instruction Abdelaziz Zribi, a-t-on précisé.
“Une commission rogatoire a été délivrée à la police criminelle pour déterrer le cadavre de la victime et la mettre à la disposition de la médecine légale en vue d’accomplir les recherches nécessaires”, a affirmé un représentant du ministère de la Justice, Kadhem Zine El Abidine, lors d’une rencontre interministérielle avec la presse mardi.
“Le défunt ingénieur en informatique Marouane Ben Zeyneb avait réussi pirater l’ordinateur du président déchu et à se rendre compte que (Ben Ali) avait des relations avec des membres de services secrets étrangers”, selon l’agence officielle TAP.
Marouane, qui avait obtenu une bourse pour une université d’Amérique du Nord, avait été kidnappé fin juillet 1989, selon sa famille, avant d’être retrouvé huit jours plus tard à la morgue de l’hôpital Charles Nicolle à Tunis.
Les autorités avaient annoncé qu’il était mort dans un accident de la circulation, mais sa famille assure que Marouane avait été torturé à mort et que le crime avait été maquillé en accident de train.
M. Kadhem a affirmé à la presse l’engagement de son ministère à lutter contre la torture et “à sanctionner tous ceux dont l’implication est prouvée dans ces crimes, que ce soit dans les centres de garde à vue, les prisons ou tout autre lieu” notamment après l'”adoption du protocole facultatif à la convention contre la torture et la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées”.
Selon la militante des droits de l’Homme Radhia Nasraoui, les pratiques de torture se poursuivent toutefois en Tunisie depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier.
Source : Afp