Tous les instruments qui ont été employés pour filtrer les sites web en Tunisie proviennent des pays dits démocratiques. L’Occident a ainsi prêté main forte à la dictature de l’ancien régime, moyennant finances.
La conférence de presse tenue au siège de l’Agence Tunisienne d’Internet le mardi 31 mai sur la censure des sites web a, au-delà du volet juridique permis de soulever quelques points saillants inhérents à la question. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les intervenants n’on pas débité des sornettes! « La Tunisie n’est pas le seul pays concerné par la restriction d’accès, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Australie ont fait l’objet de plusieurs pratiques de filtrage semblables à celles que nous avons vécues sous l’ère de Ben Ali » assène M. Moez Chakchouk, PDG de l’ATI. Et l’ingénieur poursuit : «A cet égard, la levée de la censure dans nos contrée a précédé celle de l’Allemagne et de l’Australie qui ont été exécutées respectivement le 14 avril et le 12 mai de l’année courante».
Dans le même ordre d’idées, le sémillant Pdg de l’ATI continue de cogiter à haute voix : «Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, tous les instruments qui ont été employés pour filtrer les sites web en Tunisie proviennent des pays développés. Autant dire que des firmes d’ingénierie issues des démocraties dites authentiques ont prêté main forte à la dictature de l’ancien régime, moyennant finances. Alors qu’ils sont censés être catégoriquement contre la pratique de la censure quel que soit le motif de son application. Mais bon! Ce débat est une tout autre paire de manche…» soupire M. Moez Chakchouk. Le Pdg a relevé également que les décisions relatives à la fermeture des sites web provenaient directement du Palais de Carthage. Dument signées de la main du président-dictateur-général Ben Ali, en personne.
Le grain de sel de Néjib Belkadhi
Par ailleurs, Néjib Belkadhi n’a pas manqué de mettre son grain de sel en affirmant qu’il est hors de question d’accepter le retour progressif de la censure et de croiser les bras devant cet état de fait. «Sous l’ère de Ben Ali, les autorités ont commencé par couper l’accès aux sites Internet, ils ont fini ensuite par couper les têtes des Tunisiens. Je défie quiconque de ces avocats qui appellent aujourd’hui au filtrage des sites de charme, disant qu’il ne lui est jamais arrivé de se taper un de ces clips X qu’ils s’ingénient maintenant à faire disparaitre définitivement de la Toile» fulmine le responsable de la boite de communication Propaganda Production. «Ben Ali a dilapidé à tout va les caisses de l’Etat pour se maintenir au pouvoir. Le coût de la censure étant faramineux, nous n’allons pas laisser des avocats faire de même, au nom de la préservation des bonnes mœurs, maintenant que le peuple a arraché sa liberté» conclut-il.
L’ATI pas avertie
D’autre part, et en réponse aux propos de M. Moez Chakchouk indiquant que la séance du tribunal a été tenue sans que l’ATI ne soit avertie, l’avocat Monaem Turki a montré le constat de l’huissier de justice attestant qu’il s’est bel et bien rendu à l’ATI pour les mettre au courant du procès lancé à leur encontre. «Nous sommes fermés à l’heure de midi. De plus, il est illogique de demander la carte d’identité de la réceptionniste de l’agence pour témoigner de la réception de la convocation. Elle ne représente pas la personne morale de l’ATI» a répliqué M. Chakchouk aux allégations de l’avocat. Interrogé par Tekiano sur les mandataires de la plainte, M. Turki a rétorqué qu’il s’agit d’une initiative personnelle motivée par le souci de se plier aux règles de convenances et de la bienséance, qui forment l’essence même de notre identité arabo-musulmane.
Mohamed Jebri
Plus : Net TopNews