«Plus jamais peur», documentaire tunisien de Mourad Ben Cheikh, traite de la Révolution de la dignité et pas celle du jasmin. Après avoir participé aux Festival de Cannes 2011, il est actuellement aux salles de l’AfricArt, d’Amilcar et de l’Alhambra. Rencontre avec Habib Attia, producteur du film.
«Plus jamais peur», documentaire tunisien de Mourad Ben Cheikh, traite de la Révolution de la dignité et pas celle du jasmin. Après avoir participé aux Festival de Cannes 2011, il est actuellement aux salles de l’AfricArt, d’Amilcar et de l’Alhambra. Rencontre avec Habib Attia, producteur du film.
«Challenge remporté»
«Plus Jamais Peur» figure dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2011. Habib Attia producteur du film nous en parle : «La sélection de «Plus Jamais Peur» à Cannes a été déterminante et sera déterminante sur la carrière économique du film. Notre problème était que la date choisie par le Festival de Cannes était relativement tardive, le 22 mai. C’est-à-dire l’avant-veille de la clôture du festival. La plupart des distributeurs, exploitants, vendeurs internationaux étaient déjà partis». Heureusement que le producteur s’est trouvé un gilet de sauvetage. «Mon objectif était de placer le film chez un vendeur international (…). Et on a fini par en trouver avant d’aller à Cannes. Il s’agit de Films Boutique, vendeur international allemand appartenant à Flims Distribution dont le siège est à Paris» nous a confié Habib Attia. Et il poursuit : «On a pu vendre le film en plusieurs territoires et en premier lieu en France. D’ailleurs, on a signé avec le distributeur français KMBO (…). Le film sortira en France en octobre avec un minimum de 20 copies. Et ça, c’était vraiment un challenge que je suis extrêmement fier d’avoir remporté».
La Révolution, ça vend !
Jasmin, hammam et… clichés
Certains critiques, observateurs voire même producteurs relèvent que les distributeurs et les coproducteurs européens sont souvent attirés par les clichés, un certain exotisme made in Tunisia. Le producteur de «Plus Jamais peur» reconnait l’affluence de cette tendance : «Je suis anti-clichés. J’en suis très conscient. Les clichés du hammam, la virginité et compagnie, tous ces clichés qui veulent que la société arabo-musulmane et tunisienne, en l’occurrence, soit confinée dans une certaine perception traditionaliste, néocolonialiste. Moi, je suis contre». Est-ce que ce regard stéréotypé de l’industrie cinématographique du nord persiste après la Révolution? «Oui, par exemple, le fait que notre révolution soit qualifiée de Révolution du Jasmin. Ça suffit ! On est contre ça. Et dans le film, on le dit clairement. C’est une révolution de la dignité» répond Habib Attia.
Notre interlocuteur reprend la parole : «Je ne sais si ça va changer ou si on va aller vers de nouveaux clichés. Mais il faut se dire la coproduction est importante pour les films tunisiens. On n’a pas un marché qui peut garantir au film une vraie rentabilité et de la visibilité. Et donc, il faut choisir les bons partenaires». Et il martèle : «Il est temps qu’il y est une certaine équité entre les différents producteurs».
Thameur Mekki