Le nouveau bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens a été élu. Essuyant une tentative de putsch avortée, menée par les ex-sbires de Ben Ali qui font dans la surenchère. Mais attention : les putschistes sont toujours aux devants de la scène. Les propagandistes d’Abdelwahab Abdallah sont encore là.
Le 2ème congrès du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) s’est tenu samedi 4 et dimanche 5 juin à Tunis. Un congrès syndical aux enjeux très importants, pour un secteur longtemps castré par les ciseaux de Zaba. Un nouveau bureau exécutif du SNJT est né, en ce petit matin (4h) du lundi 6 juin. Les représentants de la presse tunisienne ont été élus pour un mandat de 3 ans, soit de 2011 à 2014.
L’ouverture du congrès du syndicat des journalistes tunisiens ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices. Les journalistes craignaient en effet le retour des putschistes ex-laudateurs de Zaba, qui montaient aux créneaux pour montrer les crocs. Ils menaçaient de renverser in extremis la vapeur et le bureau dirigé par le charismatique Néji Bghouri, qui n’avait pas cédé d’un iota, même au temps de Ben Ali. C’est dire que les ruines branlantes du régime s’attaquaient à un morceau qui risquait de leur casser leurs dents toujours longues. Voilà que c’est fait. Les ex-benalistes ont fini (pour la plupart) par être chassés à coups de dégage.
Mais la menace a été réelle. Bassam Bounneni, jeune journaliste auprès d’Al Jazeera, rapportera sur son blog, ces paroles bien senties de Naziha Rajiba alias Omm Zied: «chassez les sorcières sinon elles vous chasseront». Il fera remarquer : «Les putschistes sont toujours présents, en force et même aux devants de la scène. Pas la peine de préciser qu’ils sont désormais plus révolutionnaires que les révolutionnaires, s’autoproclamant gardiens de la Révolution» ! Nos lecteurs auront du reste remarqué les retournements de vestes spectaculaires qui ont fleuri dans le paysage de la presse électronique. C’est dire que le secteur de la presse tunisienne, à l’instar de la justice et du ministère de l’intérieur, n’a pas encore vraiment fait sa Révolution.
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Mais les plumes libres de la Tunisie continuent de se battre. On aura ainsi apprécié le discours historique qu’a improvisé Lotfi Hajji, le correspondant d’Al Jazeera. Un homme qui a longtemps eu maille à partir avec le régime honni de Zaba. Une vidéo de son intervention a du reste été enregistrée, et elle a fait en quelques heures le tour du web et des facebookeurs de Tunisie. Pour repousser les «mondassines» dans leurs derniers retranchements, il a même été question d’établir une liste noire des journalistes qui ont trempé et émargé des services de Ben Ali. Ce serait une petite action de salubrité publique. Et ce, d’autant plus que Lotfi Hajji souligne, sur les ondes de Shems FM, que «les journalistes liés à la propagande d’Etat instaurée par Abdelwahab Abdallah exercent encore normalement». Ce qui explique (en grande partie) les balbutiements et les dérives de notre presse nationale, considérée comme n’étant toujours pas à la hauteur des exigences de la Tunisie post-révolutionnaire. En d’autres termes, plus que jamais, le grand ménage s’avère nécessaire. Pour ceux qui en doutaient encore, la tentative de putsch (avortée) des ex-mercenaires de Ben Ali est une piqure de rappel.
Lotfi Ben Cheikh
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