D’ici la Constituante, 3 ministères vont adopter l’Open Gov. Le président provisoire a ratifié un décret pour convertir tous les Ministères à ce mode gouvernance transparent d’ici 2 ans. Mais l’Open Gov reste tributaire de l’émergence de l’E-Citizen. Interview exclusive de Adel Gaaloul, secrétaire d’Etat à la technologie.
Le secrétaire d’Etat à la technologie M. Adel Gaaloul a prononcé l’allocution d’ouverture de l’évènement TunAndroid qui a eu lieu samedi 4 juin à Sousse. Dans son discours, il a parlé de 5 axes centraux pour donner un coup de fouet au secteur des NTIC’s en Tunisie. Parmi les lignes directrices, le secrétaire d’Etat a parlé du rôle de l’administration qui doit assurer l’aspect «transparence» dans sa relation avec le Tunisien. Après la clôture de la journée, Tekiano a eu des bribes de conversation avec M. Gaaloul, qui relevons-le, a accueilli à cœur ouvert et sans rouspéter les questions qu’on lui a posées. Aussitôt avons-nous découvert un homme humble, souriant, chaleureux, et au verbe facile. Interview garantie 100% sans langue de bois.
Tekiano: Durant votre allocution, vous avez évoqué l’introduction prochaine de l’Open Gov en Tunisie. Quelle date prévoyez-vous pour son lancement?
Adel Gaaloul : D’abord, il me semble important de définir la notion de l’Open Gov. Ce mode est relatif à la transparence de nos établissements administratifs dans le rapport qu’ils entretiennent avec le citoyen. Il vient donc renforcer la confiance entre le gouverneur et le gouverné. Je dois aussi vous rappeler qu’il s’agit d’une notion qui a été mise en œuvre très récemment dans certains pays développés. Mais puisqu’on se réjouit désormais d’un nouveau climat de liberté en Tunisie, le président provisoire a ratifié un décret selon lequel nous avons prévu une période de 2 années pour que tous nos Ministères rendent publics leurs rapports financiers.
Quelles en sont les contraintes actuellement?
Il y a, certes, quelques contraintes inhérentes à l’infrastructure qui font que l’Open Gov ne soit pas immédiatement mis en place. Mais au même titre, je pense qu’il faut souligner le long processus d’apprentissage par lequel doit passer le citoyen tunisien pour se familiariser avec ce concept. A mon avis, il nous faut 5 ans pour que l’Open Gov aboutisse et débouche sur un rapport plus raffermi entre la société civile et son administration. Bouleverser le rapport de forces après 50 ans de dictature n’est pas aussi simple qu’on le croit. Et apprendre au citoyen tunisien de veiller lui-même sur ses intérêts et assumer entièrement ses responsabilités envers sa patrie, ça prend du temps…
Qu’en est-il des contraintes techniques ?
Le plus gros problème que nous rencontrons actuellement s’attache à l’identification des citoyens. L’implantation de l’Open Gov doit passer par l’attribution d’un login à chaque Tunisien afin de lui permettre de consulter les rapports de nos administrations et interagir en son nom sur le contenu. Nous n’avons pas banni la tyrannie pour donner lieu à une société d’anonymes. –Vous pouvez imaginez le volume de travail et les investissements que ça implique. Mais la bonne nouvelle c’est que le gouvernement est maintenant acculé, la décision a été prise et on ne peut pas revenir en arrière. La structure ministérielle qui sera formée à travers l’Assemblée Constituante n’a que deux années pour adhérer à ce mode de gouvernance.
Et le mot de la fin…
Ce que je peux vous promettre tout de suite, c’est que je vais mettre le projet en route avant de quitter le Ministère. D’ici l’élection de la Constituante, trois Ministères vont adopter l’Open Gov. Je veux également préciser que le gouvernement transitoire mise beaucoup sur le dynamisme et la vivacité de cette jeunesse qui a éjecté le dictateur et qui a fait de la Tunisie ce qu’elle est aujourd’hui…
Propos recueillis par Mohamed Jebri
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