Human Rights Watch a appelé les autorités tunisiennes à «libérer l’officier de police Samir Feriani qui est actuellement en détention militaire, abandonner toute accusation contre lui qui ne serait fondée que sur ses efforts pour alerter l’opinion, et porter les autres accusations éventuelles devant un tribunal civil».
Human Rights Watch a appelé les autorités tunisiennes à «libérer l’officier de police Samir Feriani qui est actuellement en détention militaire, abandonner toute accusation contre lui qui ne serait fondée que sur ses efforts pour alerter l’opinion, et porter les autres accusations éventuelles devant un tribunal civil».
Le site web de l’organisme international de défense des droits de l’homme précise :
« Feriani est détenu depuis le 29 mai 2011, après avoir écrit une lettre au ministre de l’Intérieur, Habib Essid, où il nommait certains officiels actuellement haut-placés au ministère, responsables selon lui du meurtre de manifestants pendant la révolution tunisienne, ainsi que d’autres violations des droits humains. La lettre de Feriani accusait aussi des officiels du ministère d’avoir détruit des archives embarrassantes suite à la chute du président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier».
« À un moment où de nombreux Tunisiens pensent que les responsables qui ont terrorisé la population sous Ben Ali conservent d’importants pouvoirs au sein de l’institution sécuritaire, le gouvernement provisoire devrait encourager ceux qui tirent la sonnette d’alarme, et non pas utiliser les lois discréditées du gouvernement déchu pour les emprisonner », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
La lettre de Feriani affirmait que le 20 janvier, des véhicules du ministère de l’Intérieur s’étaient rendus dans un local hébergeant des archives du ministère et que des officiers avaient détruit des papiers et des cassettes, a dit à Human Rights Watch un de ses avocats, Samir Ben Amor, qui a lu la lettre. Feriani soutenait que le matériel visé par la destruction incluait des archives de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), qui d’après lui décrivaient les relations de Ben Ali avec le Mossad, l’agence de renseignements israélienne. Le siège de l”OLP était situé à Tunis de 1982 à 1994.
Peu avant son arrestation, deux journaux tunisiens indépendants, El Khabir (« L’Expert ») et L’Audace, avaient commencé à rendre compte des accusations de Feriani.
Un juge d’instruction de tribunal militaire instruit actuellement au pénal les plaintes contre Feriani, accusé d’«atteinte à la sécurité extérieure de l’État », de diffuser des informations « de nature à nuire à l’ordre public » et d’« impute[r] à un fonctionnaire public ou assimilé des faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité », a rapporté à Human Rights Watch un de ses avocats, Mohamed Abbou.
Selon Mosaique FM, “A priori, cette arrestation fait suite à la publication de deux lettres sur le quotidien de la place et dans lesquelles Samir Feriani dénonce des pratiques louches au sein du ministère de l’Intérieur notamment la nomination à des postes de responsabilité de personnes impliquées dans les crimes de Kasserine ainsi que la destruction de preuves”.
« La réponse adéquate aux accusations de Feriani serait de lancer une enquête à leur sujet », a déclaré Sarah Leah Whitson. « En le détenant, les autorités découragent d’autres personnes qui voudraient alerter l’opinion, et révèlent à quel point il est urgent, pour la Tunisie post-Ben Ali, d’amender ses lois répressives, en particulier celles qui prévoient des peines de prison pour des délits liés à la liberté d’expression. »
Source : HRW