41 pays dont la Tunisie ont approuvé un rapport de l’ONU défendant le libre accès et la liberté d’expression sur le Net. Ce sont la France et la Grande-Bretagne, hier donneuses de leçons, qui se font aujourd’hui taper sur les doigts par l’ONU pour des questions de respect des libertés numériques.
Pour une fois, la Tunisie ne se retrouve pas épinglée à cause d’internet. Le dernier rapport de l’ONU sur la liberté d’expression en ligne, présenté au début de ce mois a d’ailleurs été dument ratifié par notre pays. Mieux : il s’avère que la Tunisie est désormais mieux placé que certains pays du G8, au niveau des libertés numériques. C’est que la Révolution est également passée par là.
M. Frank La Rue, chargé de ce dossier par l’Organisation des Nations Unies précise dans ce rapport : «La changeante nature d’Internet ne permet pas seulement aux individus d’exercer leur droit d’opinion et d’expression, mais fait aussi partie de leurs droits humains et promeut le progrès de la société dans son ensemble». L’ONU qui fait désormais de l’accès à Internet «un droit humain universel et fondamental» reconnait donc clairement l’impact que peuvent avoir les TICs dans l’édification de sociétés démocratique.
41 pays ont approuvé ce rapport défendant le libre accès au Net et la liberté d’expression sur le web. Dans le monde arabe seuls 4 Etats l’ont ratifié : la Tunisie, le Maroc, la Palestine, et la Jordanie. Au niveau africain, outre notre pays 4 autres Etats ont approuvé ce rapport : le Botswana, Djibouti, le Sénégal, et l’Afrique du Sud.
Le journal en ligne Numerama.com relève, quant à lui, «l’absence honteuse de signature de la France. Honteuse parce que sans doute au nom de la défense de sa sacro-sainte riposte graduée, au nom de la quête de l’internet civilisé prôné par le néocolonialiste Nicolas Sarkozy, la France s’abstient de soutenir un rapport perçu comme un immense espoir par les peuples révoltés qui misent sur Internet pour s’exprimer et se mobiliser».
Le même journal en ligne soulignera que «ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne, ni l’Italie, ni l’Espagne, ni le Portugal, ni la Belgique ne soutiennent pour le moment le rapport» que les Etats-Unis, le Japon, la Turquie, l’Inde ont approuvé. On savourera ce renversement inespéré de situation qui fait que les pays hier donneurs de leçons, se font aujourd’hui taper sur les doigts par l’ONU pour des questions de liberté d’expression. En ligne de mire : la France et la Grande-Bretagne où certaines lois sont susceptibles d’interdire l’accès au web à ceux qui font l’objet de poursuites dans des affaires liées au droit d’auteur (comme dans le cas Hadopi).
La Chine qui bloque encore l’accès à des sites comme Facebook, Twitter, Youtube et LinkedIn, n’a également pas été ménagée. On se souviendra que l’Empire du Milieu est même allé jusqu’à censurer le terme «jasmin», sans doute pour son parfum subversif et révolutionnaire. En clair : l’ONU rappelle à l’ordre ces pays et les appelle à abroger les lois scélérates. Ce qui n’est certainement pas pour déplaire à nos amis du Parti Pirate !
Reste que la décision du tribunal de censurer les sites X risque peut-être d’égratigner quelque peu notre réputation fraîchement (et chèrement) acquises, d’internautes révolutionnaires et définitivement libérés.
Lotfi Ben Cheikh
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