Les internautes haussent le ton pour appeler les Tunisiens à remporter une bataille décisive pour l’avenir de la Révolution : celle des élections. Et les projets de sociétés en concurrence présentés par les différents courants politiques qui sévissent dans la Tunisie d’aujourd’hui apparaissent en filigrane sur Twitter.
Les internautes haussent le ton pour appeler les Tunisiens à remporter une bataille décisive pour l’avenir de la Révolution : celle des élections. Et les projets de sociétés en concurrence présentés par les différents courants politiques qui sévissent dans la Tunisie d’aujourd’hui apparaissent en filigrane sur Twitter.
kiffegrave, lui, lance à la cantonnade : «si tu veux 4 femmes, boire 1 bière en pleine rue, prier bouddha en liberté, écouter du hard rock, te faire entendre, va t’inscrire #tnelec».
Un tweet haut en couleurs et percutant, comme on aimerait en voir plus sur les comptes de nos tn-tweeple. Un message fort adressé pour encourager et exhorter les Tunisiens à faire leur devoir. En filigrane du message (humoristique) posté par Kiffegrave, apparaissent les projets de sociétés en concurrence présentés par les différents courants politiques qui sévissent dans la Tunisie d’aujourd’hui. On relèvera cependant au passage, pour rassurer les Tunisiens, qu’aucun parti autorisé, et donc pour lequel les Tunisiens pourront voter, n’autorise ni n’encourage le mariage polygame. Ennahdha s’étant engagé à ne pas malmener le Code du Statut personnel. Mieux : question bière, Rached Ghannouchi, après avoir un moment déclaré vouloir agir sur les mentalités pour rendre la consommation d’alcool plus restrictive, semble avoir mis de l’eau dans son vin, en affirmant, sur les colonnes de prestigieux quotidiens anglais, qu’aucune mesure ne serait prise contre le bikini et l’alcool. Et puisqu’on n’est pas à un paradoxe près, dans notre Tunisie colorée, il ne serait finalement pas si surprenant que de nombreux amateurs de bière soient aussi fans des prédicateurs barbus.
Après tout, Abdelfattah Mourou n’a-t-il pas affirmé, qu’il n’aurait rien, contre l’adhésion massive et spontanée des amateurs d’apéritifs, à son mouvement ? A croire que les buveurs de bières représentent un poids non négligeable dans l’électorat, puisqu’ils deviennent l’enjeu de manœuvres de séduction que les mauvaises langues qualifieront de dilatoires. Delà à ce que les buveurs décident de se constituer en lobby, il n’y a qu’un pas ! Mais honni soit qui mal y pense !
Quant à Bouddha, aucun parti politique parmi la petite centaine, ne s’est encore déclaré, à l’heure où nous écrivons ses lignes comme inspiré par les préceptes de Siddhārtha Gautama. Mais au rythme où vont les choses et à voir l’éclosion accélérée des partis politiques, ça pourrait peut-être se faire.
Reste que pour donner des chances (sérieuses) aux uns ou autres, pour permettre que les projets de sociétés aient une quelconque probabilité de se transposer à la réalité, encore faudrait-il voter. Il faudrait donc effectuer ce petit geste citoyen. En d’autres termes, les communistes islamisants, les islamistes d’extrême-gauche, les laicards obscurantistes, les révolutionnaires de salon, les libéraux attachés au développement de leur portefeuille, les Tunisiens en dessous de la moyenne, les binationaux en vacances, les progressistes qui reculent, les réactionnaires qui avancent, les adeptes masqués de Hare Krishna, sont donc appelés à s’inscrire. Et après tout, peu importe le flacon, tant qu’il y a toujours à boire et à manger… En liberté !
Lotfi Ben Cheikh