Ben Jaâfar déclare être un farouche partisan de la transparence, et approuve clairement les nouveaux modes de gouvernance comme l’Open Data et l’Open Gov. Quant aux sondages, il n’y croit pas. «Les statistiques transparentes n’ont, jusque-là, jamais fait partie de nos traditions» dit-il. Interview.
Ben Jaâfar déclare être un farouche partisan de la transparence, et approuve clairement les nouveaux modes de gouvernance comme l’Open Data et l’Open Gov. Quant aux sondages, il n’y croit pas. «Les statistiques transparentes n’ont, jusque-là, jamais fait partie de nos traditions» dit-il. Interview.
L’université d’été de Ettakatol s’est tenue à Sousse du 29 au 31 juillet. Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général de ce parti, était présent. Il a donné le coup d’envoi des séances de débats et conférences sur les ambitions et les orientations d’Ettakatol. Avec son calme olympien et son flegme habituel, le Dr Mustapha Ben Jaâfar a bien voulu répondre aux questions de Tekiano.
Tekiano : Au vu de la nouvelle configuration politique du pays, envisagez-vous de vous allier à d’autres partis?
Le mode du scrutin de la Constituante n’encourage pas à la formation des alliances. L’éventualité que ces élections débouchent sur un retour au système où seul un parti unique ou hégémonique fait la pluie et le beau temps est à exclure. En ce qui concerne Ettakatol, je pense qu’il serait plus opportun de se limiter aux concertations avec les partis dont le programme s’apparente au nôtre. Une coalition saurait, à mon sens, plus bénéfique à l’égard de notre parti et de ses alliés qu’après les résultats électoraux de la Constituante. Je précise qu’une alliance stratégique ne signifie pas forcément une alliance électorale.
Qu’est ce que vous avez fait pour inciter les citoyens à aller s’inscrire pour le vote?
Nous n’avons raté aucune occasion pour persuader les Tunisiens à s’inscrire. On le fait dans les meetings, les conférences et à travers le porte-à-porte. Nos sections régionales font beaucoup d’effort pour inciter les jeunes à convaincre leur entourage. Et je suis personnellement convaincu que le plus grand risque qui menace la transition démocratique en Tunisie est que les citoyens boudent ses échéances électorales.
Combien de siège pensez-vous remporter aux élections de la Constituante?
Formuler des pronostics à 85 jours du scrutin serait de la pure spéculation. Et je ne crois pas aux résultats des sondages car les statistiques transparentes n’ont, jusque-là, jamais fait partie de nos traditions. Je sens qu’il y a un élan de sympathie partout où nous passons pour rencontrer les Tunisiens. Et je tiens à souligner que la notoriété d’Ettakatol est en train de prendre de l’ampleur à telle enseigne qu’à chaque semaine, nous enregistrons entre 700 et 1000 nouveaux adhérents.
Vous avez utilisé les canaux classiques de communication pour lancer votre campagne (Affichage urbain, journaux etc…), ne croyez-vous pas qu’il faut aussi miser sur les médias alternatifs (blogs, twitter…)?
Nous ne négligeons aucun moyen de communication pour toucher la masse, toutes classes confondues. La page Facebook du parti, le compte Twitter ainsi que le site Web sont justement là pour communiquer l’actualité du parti aux internautes qui sollicitent plutôt la Toile que les médias classiques. Nous sommes en phase d’apprentissage, et l’ancien régime nous a exclu des canaux de communication de masse. Nous avons constaté que plusieurs Tunisiens ignorent encore Ettakatol et ses orientations. Et c’est avec les canaux classiques que nous pourrons atteindre la catégorie qui n’est pas familiarisée avec les nouveaux outils de communication.
Votre ton, plutôt pondéré, dans vos prises de position par rapport aux évènements d’actualité du pays (Kasbah3 etc…) est souvent interprété comme étant une marque de frilosité. Comment réagissez-vous face à ce constat?
C’est faux. Je pense qu’il faut d’abord disposer de toutes les données avant de se positionner vis-à-vis des évènements d’actualité. Nous avons toujours orienté nos positions sur des principes constants et cohérents. Il importe donc, à chaque fois où le contexte exige une réaction de notre part que nous sachions les tenants et les aboutissants des faits, avant de prendre position. Et à cet égard, l’histoire nous a toujours donné raison jusqu’à aujourd’hui.
Quelques internautes et Tn-Tweeples ont dit que votre programme n’est pas très High-tech. Est-ce vrai?
Au contraire, le volet technologique fait partie de nos préoccupations et de nos intérêts. J’attire d’ailleurs votre attention sur le fait que notre programme axé sur 100 propositions n’est qu’un résumé. Un seul paragraphe dissimule des centaines de documents, ce qui prouve sa consistance. Ettakatol est le premier parti à proposer un programme complet et détaillé. Ce travail de longue haleine nous a pris plus de 5 mois. Cela va sans dire que le programme est évolutif. Notre parti reste ouvert à toutes les propositions pour en étoffer le contenu dans les tables rondes thématiques qui seront organisées dans les prochaines semaines.
Que pensez-vous de l’Open Data et de l’Open Gov?
Nous sommes des partisans farouches de la transparence et nous approuvons ces nouveaux modes de gouvernance. Ettakatol est basé sur des valeurs qui promeuvent la démocratie participative. Et je suis personnellement favorable à ce que ces concepts fassent partie de nos habitudes de gestion des institutions publiques. Sur la même lancée, Ettakatol a commandité un expert comptable qui est en train de préparer un audit sur les sources de financement du parti. Ce rapport sera rendu public dès qu’il sera bouclé. Par ailleurs, notre parti a proposé à plusieurs reprises le lancement d’une chaîne parlementaire pour retransmettre en direct les débats et rétablir la confiance entre le peuple et les partis politiques.
Propos recueillis par Mohamed Jebri