Fares Mabrouk et Slim Amamou ont été sélectionnés par le programme World Fellows de la prestigieuse université américaine de Yale. Des activistes turcs, chinois, libanais, vénézueliens, et même tunisiens se retrouvent ainsi à passer 6 mois tous frais payés dans l’un des meilleurs établissements universitaires des Etats-Unis.
Fares Mabrouk et Slim Amamou ont été sélectionnés par le programme World Fellows de la prestigieuse université américaine de Yale. Des activistes turcs, chinois, libanais, vénézueliens, et même tunisiens se retrouvent ainsi à passer 6 mois tous frais payés dans l’un des meilleurs établissements universitaires des Etats-Unis.
“Nous avons 3.800 dossiers de candidature en provenance de tous les continents, et un jury de six personnes passe quatre mois chaque année à les sélectionner jusqu’à arriver à 16 élus”, explique dans une interview à l’AFP Michael Cappello, expert en maladies infectieuses et directeur du “World Fellows Program”.
Chaque année entre août et décembre, les boursiers –qui sont pris en charge et logés ainsi que leurs familles–, choisissent les cours qu’ils veulent suivre, mais en donnent aussi aux étudiants du campus. Et en dix ans, le programme “World Fellows” de l’université de Yale (Connecticut, nord-est) est devenu un creuset d’élites de tous horizons.
Le cyber-activiste tunisien et ex-secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Slim Amamou, a ainsi été invité à y faire des conférences.
Le think tank de Fares Mabrouk
“J’étais ici juste avant la révolution tunisienne, je suis rentré à Tunis le 10 décembre”, à la veille de la révolte qui a abouti au renversement du régime de Ben Ali, se souvient Fares Mabrouk dans une interview à l’AFP.
“Je me suis fait des amis d’Inde, d’Indonésie, de partout, ils m’écrivaient pendant la révolution, nous sommes encore en contact”, ajoute cet homme qui a changé de vie, et travaille maintenant avec un groupe de blogueurs sur les prochaines élections à l’Assemblée constituante en Tunisie.
Libanais, Russe, Chinois…
Directeurs de galeries d’art comme le Libanais Saleh Barakat, médecins comme le Chinois Wan Yanhai, qui milite pour les malades du sida, journalistes comme la Colombienne Claudia Lopez ou juristes comme la Vénézuélienne Maria Corina Machado, ils n’ont en commun que l’excellence.
Le blogueur russe Alexeï Navalni y a passé un semestre. Pourfendeur de la corruption en Russie, il suivait des cours de droit des sociétés mais enseignait aussi comment bloguer et parlait de son pays.
Pour certains, comme Wan Yanhai, contraint de quitter la Chine, les Etats-Unis sont devenus un pays d’adoption. Pour d’autres, le passage à Yale a marqué un tournant professionnel.
En 2007, après Yale, Saleh Barakat, galeriste depuis 1991, a monté le premier pavillon libanais à la Biennale de Venise. Depuis, il a collaboré avec le musée de la Tate Modern à Londres et ouvert une deuxième galerie.
Le Turc Hakan Altinay, lui, a commencé un projet sur l’instruction civique mondiale. Démarré comme un article de presse, le projet est déjà devenu un livre, traduit en plusieurs langues, et un documentaire est en cours de tournage.
Quant à la Vénézuélienne Maria Corina Machado, après avoir été triomphalement élue à l’Assemblée nationale de son pays en 2010, elle a décidé à 43 ans de se présenter contre Hugo Chavez à l’élection présidentielle de 2012.
“Dans le monde entier, tout futur leader doit savoir beaucoup de choses sur beaucoup de sujets”, estime Valérie Rose Belanger, directrice des partenariats. “Beaucoup de ces gens ne se seraient jamais rencontrés, et l’expérience qu’ils engrangent les enrichit et leur permet de tisser des réseaux”.
“Et comme ils viennent du monde réel, et ne sont pas des universitaires comme nous, ils intéressent énormément nos étudiants, parce qu’ils ont déjà pris des risques”, ajoute-t-elle.
Source : Afp